Rapport de l'ASN 2017

18 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 Les rayonnements ionisants peuvent être d’origine naturelle ou provenir d’activités humaines appelées activités nucléaires. Les expositions de la population aux rayonnements ionisants d’origine natu- relle résultent de la présence de radionu- cléides d’origine terrestre, de l’émanation de radon en provenance du sous-sol et de l’exposition aux rayonnements cosmiques. Les activités nucléaires incluent les activi- tés qui sont menées dans les installations nucléaires de base (INB) et dans le cadre du transport de substances radioactives, mais aussi dans toutes les installations médicales, vétérinaires, industrielles et de recherche où sont utilisés les rayon- nements ionisants. Les rayonnements ionisants sont capables de produire directement ou indirecte- ment des ions lors de leur passage à tra- vers la matière. Parmi eux, on distingue les rayons X, les rayonnements gamma, alpha et bêta ainsi que les rayonnements neutroniques, tous caractérisés par des énergies et des pouvoirs de pénétration différents. Les effets des rayonnements ionisants sur les êtres vivants peuvent être « déter- ministes » (effets cliniques tels qu’un érythème, une radiodermite, une radio- nécrose ou une cataracte); ces effets surviennent systématiquement dès que la dose de rayonnements dépasse un certain seuil. Les rayonnements ioni- sants sont aussi à l’origine d’effets pro- babilistes, essentiellement la survenue de cancers dont la probabilité d’appari- tion augmente avec la dose reçue par le sujet. Les mesures de protection contre les rayonnements ionisants visent à évi- ter les effets déterministes et à réduire au maximum la probabilité d’apparition d’un cancer radio-induit qui constitue le risque prépondérant. La connaissance des risques liés aux rayonnements ionisants repose sur les études de suivi des cohortes de sujets exposés (Hiroshima, Nagasaki, accidents nucléaires…) les enquêtes épidémiolo- giques, l’étude des registres des cancers et les données des expérimentations pré- cliniques. La gestion du risque se base sur l’hypothèse de la relation linéaire sans seuil et l’évaluation des risques aux faibles doses par une extrapolation à partir de ceux observés aux fortes doses. De nombreuses inconnues et incertitudes persistent néanmoins, notamment en ce qui concerne les effets réels aux faibles doses, les risques déterministes au niveau vascu- laire, la radiosensibilité de certains sujets et l’existence ou non d’une signature radiolo- gique pour les cancers radio-induits. Exposition aux rayonnements ionisants en France La totalité de la population française est potentiellement exposée aux rayonne- ments ionisants, mais de façon inégale, qu’il s’agisse des rayonnements ionisants d’origine naturelle ou résultant d’activi- tés humaines. Enmoyenne, l’exposition d’un individu en France a été estimée par l’Institut de radio- protection et de sûreté nucléaire (IRSN) en 2015 à 4,5millisieverts (mSv) par an, avec une variation d’un facteur 1 à 3 selon le lieu, les habitudes alimentaires, les expo- sitions médicales… Les sources de cette exposition sont les suivantes: ཛྷ ཛྷ pour environ 2,9 mSv/an, la radio­ activité d’origine naturelle, dont 0,6 mSv/an pour les rayonnements d’origine tellurique (hors radon), 0,3 mSv/an pour les rayonnements cos- miques, 0,6 mSv/an au titre de l’expo- sition interne due à l’alimentation ou au tabac, ainsi qu’environ 1,4 mSv/an, pour le radon avec une très grande variation liée aux caractéristiques géo- logiques des terrains et aux bâtiments eux-mêmes. Une nouvelle cartographie du territoire national a été établie en 2011 en fonction du potentiel d’exha- laison du radon. Dans les zones définies comme prioritaires, des mesures pério- diques doivent être faites obligatoire- ment dans les lieux ouverts au public et dans les lieux de travail; un troisième plan national d’action a été défini pour la période 2016-2019; 01 Éléments marquants et perspectives Les activités nucléaires : rayonnements ionisants et risques pour la santé et l’environnement