Rapport de l'ASN 2019

En complément de cette appréciation, l’ASN note que les opé‑ rations de remplacement des GV des réacteurs 5 et 6 de la centrale nucléaire de Gravelines et 1 et 2 de la centrale nucléaire de Flamanville ont dû être décalées à cause de nombreux écarts affectant la fabrication de ces équipements et ont conduit à la mise en œuvre d’opérations de sécurisation des tubes présen‑ tant des fissures. Le suivi en service des autres équipements du CPP, en application de l’arrêté du 10 novembre 1999, apparaît approprié. La détec‑ tion en 2017 d’une fissure sur une traversée de fond de cuve du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom , la fissuration de deux bouchons dans les GV du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Paluel en 2016 et le percement de tubes de GV sur les réac‑ teurs 2 des centrales nucléaires de Belleville et Flamanville en 2019 illustrent le risque de nouvelles dégradations associées au vieillissement des installations. Elle confirme la nécessité d’adap‑ ter en conséquence le niveau d’exigence du suivi en service et l’anticipation du développement des procédés de réparation. La réparation de la traversée de fond de cuve du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Cattenom a été réalisée en 2019. 2.3  Les enceintes de confinement 2.3.1 Le contrôle des enceintes de confinement Les enceintes de confinement font l’objet de contrôles et d’es‑ sais destinés à vérifier leur conformité aux exigences de sûreté. En particulier, leur comportement mécanique doit garantir une bonne étanchéité du bâtiment réacteur si la pression à l’intérieur de celui‑ci venait à dépasser la pression atmosphérique, ce qui peut survenir dans certains types d’accident. C’est pourquoi ces essais comprennent, à la fin de la construction, puis lors des visites décennales, une montée en pression de l’enceinte interne avec une mesure de taux de fuite. Ces essais sont imposés par l ’ arrêté du 7 février 2012   fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base (INB). 2.3.2 L’évaluation de l’état des enceintes de confinement • Gestion globale de la fonction de confinement L’organisation mise en œuvre par EDF pour suivre les activités et les systèmes susceptibles d’avoir un impact sur le confine‑ ment statique et dynamique des installations est globalement satisfaisante, même si celle‑ci n’est pas toujours formalisée. Cela se traduit localement par des écarts affectant certains matériels qui ne sont pas traités dans les délais adéquats, ce qui a pour conséquence de fragiliser le confinement statique ou dynamique des installations. EDF a engagé depuis 2016 un plan d’action dont l’objectif prin‑ cipal est de vérifier que les débits des systèmes de ventilation répondent aux exigences de sûreté nécessaires à la fois au confi‑ nement et au conditionnement thermique des installations. Ce plan d’action va se poursuivre jusqu’en 2025. Il permettra de dresser un état des lieux de tous les systèmes de ventilation des réacteurs. Il prévoit des remises en état quand elles sont néces‑ saires et des améliorations. L’ASN sera ainsi vigilante dans les années à venir sur les moyens organisationnels et opérationnels qu’EDF mettra en œuvre pour s’assurer du maintien dans le temps du respect des réglages réalisés et du bon état des matériels de ventilation concernés. Des améliorations sont par ailleurs encore attendues sur l’état de certains composants participant au confinement tels que les siphons de sol. L’ASN sera vigilante, lors de ses inspections, à la maintenance assurée par EDF sur ces composants. • Les enceintes à simple paroi revêtue sur la face interne d’une peau d’étanchéité métallique Les épreuves décennales des enceintes des réacteurs de 900 MWe réalisées depuis 2009 dans le cadre de leur troisième et quatrième visite décennale n’ont en général pas mis en lumière de problèmes particuliers susceptible de remettre en cause leur exploitation. L’enceinte du réacteur 5 de la centrale nucléaire du Bugey a tou‑ tefois dû faire l’objet d’une réparation, à la suite d’une dégrada‑ tion de l’étanchéité du revêtement métallique de l’enceinte au niveau de la partie basse du bâtiment du réacteur constatée en 2015. EDF a par ailleurs mis en place une surveillance dédiée. Le vieillissement des enceintes des réacteurs de 900 MWe a été instruit par l’ASN, avec l’appui de l’IRSN en 2018, et a été pré‑ senté au GPR lors d’une séance dédiée au vieillissement. Cette instruction a conclu que la propreté de la partie extérieure des enceintes doit être améliorée pour prévenir le risque de stagnation d’eau, de débris, de mousses et d’autres végétaux. EDF a engagé des contrôles visuels des dômes des enceintes. L’ASN mènera des inspections visant à s’assurer de la pertinence de ces contrôles. • Les enceintes à double paroi Les épreuves des enceintes à double paroi réalisées lors des pre‑ mières visites décennales des réacteurs de 1 300MWe avaient permis de détecter une augmentation des taux de fuite de la paroi interne de certaines d’entre elles sous l’effet combiné de déformations du béton et de pertes de précontrainte de certains câbles plus importantes qu’anticipées lors de la conception. EDF a alors engagé d’importants travaux consistant à recouvrir localement, par un revêtement d’étanchéité en résine, l’intrados et l’extrados de la paroi interne des enceintes des réacteurs de 1300MWe les plus affectés, ainsi que des réacteurs de 1450MWe. Ces travaux ont d’ores et déjà été menés sur sept réacteurs et se poursuivront jusqu’en 2022. Les épreuves réalisées depuis ces travaux ont toutes respecté les critères de taux de fuite. L’ASN reste vigilante sur l’évolution de l’étanchéité de ces enceintes et sur le maintien de l’efficacité des revêtements sur le long terme. Lors de l’instruction menée en 2013 sur l’efficacité de la fonc‑ tion de confinement des réacteurs à double paroi, l’ASN avait noté que certaines enceintes présentaient des caractéristiques susceptibles de les affecter par des phénomènes de gonflement interne du béton préjudiciables à terme à la performance de la fonction de confinement de ces enceintes. Depuis cette instruc‑ tion, EDF a engagé des actions de caractérisation et de surveil‑ lance des phénomènes pouvant affecter le béton des enceintes. Il ressort notamment des analyses menées par EDF que les ciné‑ tiques d’évolution de ces phénomènes sont très lentes et qu’au‑ cun désordre structurel n’affecte les enceintes concernées. Sur ce point également, l’ASN reste vigilante sur l’évolution à moyen et long terme des phénomènes en jeu. L’ASN a réalisé en 2019 une inspection visant à s’assurer de la surveillance et de la caracté‑ risation par EDF de ces phénomènes. Les modélisations de l’enceinte de confinement des réacteurs de 1 300 MWe et 1 450 MWe en situation d’accident grave font apparaître un comportement particulier, qui conduit à un risque de fissuration d’une partie de l’épaisseur du dôme, dans certains scénarios accidentels. Ces observations sont principalement liées aux comportements thermomécaniques différentiels du béton du dôme et de poutres métalliques. La fissuration ainsi observée intervient nettement avant 24 heures, correspondant au délai minimal prévu par EDF pour demander l’ouverture du dispositif de filtration avant rejet de l’enceinte. Cette fissuration est sus‑ ceptible de conduire à une augmentation sensible des fuites au travers du dôme. L’ASN note que les résultats obtenus à l’issue de ces modélisations dépendent fortement des hypothèses retenues Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019  289 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10

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