Rapport de l'ASN 2019

Ainsi, EDF a engagé en 2010 le déploiement d’une nouvelle méthodologie de maintenance, dénommée AP-913, développée par les exploitants nucléaires américains. Le principal intérêt de cette méthode est de rendre les matériels plus fiables grâce à un suivi en service permettant d’améliorer la maintenance préventive. La déclinaison de cette méthodologie de maintenance repose sur la mise en œuvre des six processus suivants : ∙ ∙ l’identification des matériels critiques et la détermination des programmes de maintenance et de suivi associés ; ∙ ∙ la définition des exigences de suivi et de maintenance des matériels ; ∙ ∙ l’analyse des performances des matériels et des systèmes ; ∙ ∙ la définition et le pilotage des actions correctives ; ∙ ∙ l’amélioration continue des référentiels et du pilotage de la fiabilité ; ∙ ∙ la gestion du cycle de vie des matériels. Après un bilan du déploiement de l’AP-913 réalisé en 2016, EDF a fait évoluer ses pratiques afin de garantir la qualité des gestes de maintenance, de recentrer le suivi des performances sur les matériels et systèmes à forts enjeux et d’optimiser le volume des opérations de maintenance. 2.4.4 L’évaluation de la maintenance La plupart des centrales nucléaires s’est organisée de manière satisfaisante pour mener à bien les opérations de maintenance conséquentes réalisées actuellement. Toutefois, l’ASN relève régulièrement des points à améliorer concernant la maintenance des réacteurs. Malgré la mise en place par EDF de plans d’action pour réduire leur occurrence, les défauts de qualité de maintenance à l’origine d’événements significatifs pour la sûreté persistent à un niveau encore élevé alors que plusieurs d’entre eux auraient pu être évités par une meilleure préparation des activités. Des défauts de maîtrise des activités sont parfois dus à des difficultés dans l’approvision‑ nement et le montage des pièces de rechange. Des pièces de rechange sont régulièrement non disponibles, non conformes ou leurs conditions d’entreposage inadéquates. Des documents nationaux d’EDF mal appliqués ou des documents opération‑ nels incorrects sont à l’origine de maintenances inadaptées ou de défauts de qualité de maintenance. Une mauvaise réalisation des travaux est trop souvent détectée tardivement, c’est‑à‑dire seulement lors des opérations de requalification des équipements après des travaux de maintenance. Par ailleurs, l’ASN constate que les essais de requalification ne permettent pas toujours de détecter les défauts de matériels. Enfin, la mise en œuvre des actions correctives pour le traitement des écarts liés à des acti‑ vités de maintenance s’avère parfois inefficace ou non pérenne. L’ASN perçoit une amélioration des actions de contrôle technique des interventions et de surveillance des prestataires, grâce notam‑ ment à l’utilisation d’outils informatiques récemment déployés dans les centrales. L’ASN a demandé en 2019 à EDF un bilan de sa politique de maintenance, en particulier en ce qui concerne la méthode de maintenance AP-913 (voir point 2.4.3) et les adaptations qui ont été mises en œuvre. L’ASN examinera en 2020 les réponses four‑ nies par EDF au regard des insuffisances qu’elle a relevées sur cette thématique. Dans le cadre de la poursuite du fonctionnement des réacteurs, du programme « grand carénage » et du retour d’expérience de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, l’ASN considère important qu’EDF poursuive ses efforts engagés pour remédier aux difficultés rencontrées et pour améliorer la qualité de ses activités de maintenance. 2.4.5 La prévention des effets des agressions internes et externes • Les risques liés aux incendies Les centrales nucléaires, comme les autres installations nucléaires de base, sont soumises à la décision n°2014-DC-0417 de l’ASN du 28 janvier 2014   relative aux règles applicables aux INB pour la maîtrise des risques liés à l’incendie. La prise en compte du risque d’incendie dans les centrales nucléaires repose sur le principe de défense en profondeur fondé sur les trois niveaux que sont la conception des installations, la prévention et la lutte contre l’incendie. Des règles de conception doivent empêcher l’extension d’un incendie et en limiter les conséquences; elles reposent principa‑ lement sur la «sectorisation incendie». Il s’agit d’un découpage de l’installation en secteurs et zones de cantonnement conçus pour circonscrire le feu dans un périmètre donné et délimité par des éléments (portes, murs et clapets coupe‑feu) présentant une durée de résistance au feu spécifiée. Elle a notamment pour objectif d’éviter la transmission d’un incendie à deux matériels assurant de manière redondante une fonction fondamentale de sûreté. La prévention consiste principalement à : ‒ ‒ veiller à ce que la nature et la quantité de matières combus‑ tibles dans les locaux restent en deçà des hypothèses retenues pour la sectorisation ; ‒ ‒ identifier et analyser les risques d’incendie pour prendre les mesures permettant de les éviter. En particulier, pour tous les travaux susceptibles de générer un incendie, un «permis de feu» doit être établi et des dispositions de protection mises en œuvre. Enfin, la détection des départs de feu et la lutte contre un incen‑ die doivent permettre l’attaque d’un feu et sa maîtrise en vue de son extinction dans des délais compatibles avec la durée de résistance au feu des éléments de sectorisation. L’ ASN contrôle la prise en compte du risque d’incendie dans les centrales nucléaires en se fondant notamment sur l’analyse des référentiels de sûreté de l’exploitant, le suivi des événements significatifs qu’il déclare et les inspections réalisées sur les sites. Les risques importants associés à l’incendie ont fait l’objet de nombreuses demandes de l’ASN depuis 2003, et l’ASN a donc rappelé à EDF en 2016 qu’elle attend, dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 900 MWe, une démonstration structurée et robuste fondée sur une approche Inspection de l’ASN à la centrale nucléaire du Blayais – Turbine en maintenance 292  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

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