Rapport de l'ASN 2019

«d’inspection». L’atteinte de ces seuils a conduit EDF à procéder à la mise à l’arrêt des réacteurs 2, 3 et 4, qui étaient en produc- tion, en vue de réaliser des contrôles et des essais permettant de vérifier l’absence de dégradation des équipements et des installations. Le programme d’investigation et ses résultats ont été soumis à l’ASN, qui a autorisé la reprise de leur exploitation. L’analyse a posteriori des valeurs d’accélération enregistrées le jour du séisme montre que les valeurs ressenties sur le site sont largement inférieures aux valeurs d’accélération prises en compte pour la conception de la centrale nucléaire. Dans le domaine de la maintenance et de la maîtrise des travaux liés aux arrêts de réacteur, l’ASN considère qu’EDF a progressé dans la qualité de la préparation des arrêts et dans le traitement des aléas survenant au cours des arrêts. Dans le domaine de la radioprotection, l’ASN relève les actions engagées par l’exploitant, bien que la propreté radiologique et la maîtrise du risque de contamination en période d’arrêt de réacteur doivent encore être améliorées. Concernant la protection de l’environnement, l’ASN a relevé de nouveau des lacunes en matière de gestion des déchets. En effet, malgré les actions engagées dans ce domaine en réponse aux demandes émises par l’ASN en 2018, l’année 2019 a été marquée par l’évacuation de déchets potentielle- ment pathogènes vers un centre de traitement sans vérifi- cation préalable. L’ASN a relevé en inspection que les aires à déchets concernées n’étaient pas exploitées conformément aux règles en vigueur et elle a demandé à EDF de suspendre leur exploitation jusqu’à leur mise en conformité. En matière de protection de l’environnement, le suivi et le traitement des pollutions au tritium et aux hydrocarbures de la nappe phréa- tique, survenues durant l’été 2018, se sont poursuivis en 2019. Les inspections réalisées cette année par les inspecteurs du travail de l’ASN ont permis de confirmer les efforts menés par l’exploitant pour la prévention des risques vitaux, le dévelop- pement de nouveaux procédés sécurisés pour les travailleurs et la tenue générale des chantiers. Les accidents ou presque accidents qui se sont produits ont fait l’objet d’analyses et de plans d’action de qualité, et les efforts engagés doivent être maintenus, notamment pour la déclinaison organisationnelle de la prévention sur le terrain. SITE DU TRICASTIN Le site nucléaire du Tricastin, situé dans la Drôme et le Vaucluse, constitue un vaste site industriel accueillant la plus importante concentration d’installations nucléaires et chimiques de France. Il est implanté sur la rive droite du canal de Donzère‑Mondragon (canal de dérivation du Rhône) entre Valence et Avignon. Il s’étend sur une surface de 800 hec‑ tares répartie sur trois communes, Saint‑Paul‑Trois‑Châteaux et Pierrelatte dans la Drôme, Bollène dans le Vaucluse. Ce site regroupe de nombreuses installations, avec une centrale nucléaire comprenant quatre réacteurs de 900 MWe, des installations du cycle du combustible nucléaire et, enfin, une Base chaude opérationnelle (BCOT) qui assure des opéra‑ tions de maintenance et d’entreposage. Centrale nucléaire du Tricastin  La centrale nucléaire du Tricastin est constituée de quatre REP d’une puissance de 900 MWe chacun : les réacteurs 1 et 2, mis en service en 1980, constituent l’INB 87, les réacteurs 3 et 4, mis en service en 1981, constituent l’INB 88. L’ASN considère que les performances globales de la cen- trale nucléaire du Tricastin en matière de sûreté nucléaire, de protection de l’environnement rejoignent globalement l’appréciation générale des performances que l’ASN porte sur EDF. L’ASN considère en revanche que les performances en matière de radioprotection sont en retrait par rapport à la moyenne nationale. En matière de sûreté nucléaire, si les performances de la cen- trale nucléaire rejoignent globalement l’appréciation générale des performances que l’ASN porte sur EDF, l’ASN considère toutefois qu’elles se sont détériorées, avec notamment le blocage d’un assemblage de combustible usé lors du retrait des équipements internes supérieurs de la cuve du réac- teur 2, et l’occurrence de multiples événements significatifs pour la sûreté lors de la phase de redémarrage du réacteur 1 à l’issue de sa quatrième visite décennale pourtant initiée de façon satisfaisante. Plus généralement, sur l’année 2019, l’ASN a constaté des fragilités sur le respect des spécifications techniques d’exploitation, la mise en œuvre des pratiques de fiabilisation, la surveillance en salle de commande, la mise en configuration des circuits et l’intégrité de la première barrière, constituée par les gaines des assemblages de com- bustible. Le traitement des alarmes en salle de commande s’est maintenu à un niveau satisfaisant après les actions enga- gées en 2018. Sur le plan de la maintenance, l’ASN considère que la maîtrise des arrêts pour maintenance programmée et renouvellement partiel du combustible s’est détériorée en 2019. Le réacteur 1 de la centrale nucléaire du Tricastin a été mis à l’arrêt entre juin et décembre 2019 pour sa qua‑ trième visite décennale , s’inscrivant comme une étape du quatrième réexamen périodique (voir Faits marquants ). Ce réacteur est le premier des réacteurs de 900 MWe d’EDF à atteindre cette échéance. En matière de protection de l’environnement, l’ASN estime que les performances de la centrale nucléaire, tout en étant conformes à l’appréciation générale portée sur EDF, restent contrastées. Alors que l’exploitant a mis en œuvre des actions d’amélioration de la maîtrise du confinement des effluents liquides, l’ASN relève cependant qu’une fuite sur une tuyaute- rie véhiculant des effluents radioactifs a conduit à la pollution des eaux souterraines de la nappe phréatique interne au site par du tritium en novembre 2019. Par ailleurs, l’ASN enregistre à nouveau une fragilité persistante sur les systèmes de traite- ment des effluents radioactifs. Concernant les déchets, leur 36  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2019 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

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