métropolitaine est estimé à 46 000 en 2018). À l’initiative de l’ASN, un plan national d’action pour la gestion du risque lié au radon a été mis en place depuis 2004. Il est périodiquement réactualisé. Le 4e plan (2020‑2024) a été publié début 2021 (voir point 3.2.2). 1.3 LES INCERTITUDES SCIENTIFIQUES ET LA VIGILANCE Les actions menées dans les domaines de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour prévenir les accidents et limiter les nuisances ont permis de réduire les doses, qu’il s’agisse, par exemple, des doses reçues par les travailleurs ou de celles associées aux rejets des INB. De nombreuses incertitudes subsistent ; elles conduisent l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à rester attentive aux résultats des travaux scientifiques en cours, en radiobiologie et en radiopathologie par exemple, avec des retombées possibles en radioprotection, notamment en ce qui concerne la gestion des risques liés aux faibles doses. On peut citer, en particulier, plusieurs zones d’incertitudes concernant la radiosensibilité, les effets des faibles doses en fonction de l’âge, l’existence de signatures (mutations spécifiques de l’ADN) qui pourraient être observées dans des cancers radio‑induits et certaines maladies non cancéreuses observées dans les suites de radiothérapie. 1.3.1 La réponse individuelle aux rayonnements ionisants Les effets des rayonnements ionisants sur la santé varient d’un individu à l’autre. Dès 1906, Bergonié et Tribondeau ont avancé pour la première fois qu’une même dose n’a pas le même effet selon qu’elle est reçue par un enfant en période de croissance ou par un adulte. La variabilité de la radiosensibilité individuelle est observée aux fortes doses de rayonnements ionisants, notamment en matière de réponses tissulaires. Elle a été bien documentée par les radiothérapeutes et les radiobiologistes. Des niveaux de radiosensibilité élevés ont été constatés dans le cas de sujets souffrant de maladies génétiques de la réparation de l’ADN et de la signalisation cellulaire. De telles réponses anormales sont également observées chez des personnes souffrant de maladies neurodégénératives. Aux doses faibles et modérées, cette variabilité de la radiosensibilité, à l’échelle cellulaire notamment, est de plus en plus documentée ainsi que le fait qu’une radiosensibilité à un niveau de dose n’implique pas nécessairement une radiosensibilité à d’autres niveaux de doses. Grâce à l’abaissement des seuils de détection, certaines méthodes récentes d’immunofluorescence de cibles moléculaires de la signalisation et de la réparation des lésions de l’ADN permettent de mieux documenter les effets des rayonnements ionisants aux faibles doses. Les recherches effectuées avec ces nouvelles méthodes apportent des résultats qui doivent encore être validés en clinique avant d’être intégrés dans les pratiques médicales. Les travaux du Groupe de recherche européen sur les faibles doses (Multidisciplinary European Low Dose Initiative – MELODI) et pour le domaine médical (European platform for research activities in medical radiation protection – Euramed) se poursuivent sur ce sujet. Le groupe de travail (TG111) de la CIPR dédié à ce sujet a publié une revue de l’état des connaissances sur la radiosensibilité individuelle et des possibilités de la prédire en vue d’élaborer des recommandations internationales de radioprotection. Toutefois, à ce stade, il ressort qu’aucun biomarqueur valide ne permet cette prédiction. La réponse individuelle aux rayonnements ionisants demeure un sujet important de recherche et d’application en radiobiologie et en radioprotection (Euratom 2021‑2022). 1.3.2 Les effets des faibles doses La relation linéaire sans seuil La relation linéaire sans seuil est un modèle utilisé en radioprotection pour estimer la probabilité de risque associé à une exposition à des rayonnements ionisants tenant compte du principe de précaution. Selon cette relation, il y aurait un risque dès la première exposition, en proportion de la dose de rayonnements reçue. Toutefois, de nombreuses incertitudes existent. C’est pourquoi certains estiment que les effets des faibles doses pourraient être supérieurs, d’autres pensent que ces doses pourraient n’avoir aucun effet en deçà d’un certain seuil ; certains affirment même que des faibles doses ont un effet bénéfique. La recherche en biologie moléculaire et cellulaire progresse, les études épidémiologiques menées sur des cohortes importantes aussi. La CIPR considère que l’hypothèse de cette relation, retenue pour modéliser l’effet des faibles doses sur la santé (voir point 1.2), constitue une base prudente pour la gestion du risque dû à l’exposition aux rayonnements ionisants. Elle s’impose pour les décideurs compte tenu des incertitudes qui demeurent face à la complexité des phénomènes de réparation et de mutation de l’ADN et aux limites méthodologiques de l’épidémiologie malgré les progrès de la recherche en biologie moléculaire et cellulaire. La CIPR, qui a émis de nouvelles recommandations pour le calcul des doses efficaces et équivalentes (publication 103) en 2007, actualise progressivement les valeurs des coefficients de dose efficace pour l’exposition interne et externe. Sa publication 137 (2017) porte sur 14 radioéléments, dont le radon. La publication 115 de la CIPR (2010) a permis une mise à jour du risque de cancer du poumon lié à l’exposition au radon sur la base de nouvelles études épidémiologiques. La CIPR avait conclu que le risque de décès par cancer du poumon chez les adultes ayant été exposés de façon chronique à de faibles concentrations de radon était près de deux fois plus élevé que celui estimé sur la base des connaissances disponibles en 1993 (publication 65). Ces coefficients reposaient sur une approche épidémiologique. La CIPR, dans sa publication 137, propose de nouveaux coefficients fondés sur une approche dosimétrique, comme pour les autres radionucléides. Ils conduisent, à exposition égale au radon et à ses descendants, à augmenter de façon significative la dose efficace annuelle reçue par les travailleurs exposés au radon (près de deux fois plus élevée). L’arrêté du 16 novembre 2023 définissant les modalités de calcul des doses efficaces et des doses équivalentes résultant de l’exposition des personnes aux rayonnements ionisants a ainsi actualisé les coefficients de dose pour le radon à compter du 1er janvier 2024. Cette actualisation modifie le calcul de la dose efficace moyenne reçue par la population en France qui passe ainsi de 3,5 à 6,5 millisieverts par an (mSv/an)(*), l’exposition au radon représentant désormais 54% de l’exposition globale (contre 33% auparavant). * Exposition de la population française aux rayonnements ionisants – Bilan 2014-2019, IRSN, 2021. ÉVALUATION DE L’EXPOSITION DUE AU RADON : LES RECOMMANDATIONS DE LA COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE 102 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 • 01 • Les activités nucléaires: rayonnements ionisants et risques pour la santé et l’environnement
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