Rapport de l'ASN 2023

Une cinquantaine d’inspections a ainsi été réalisée en 2023. Elles ont principalement eu lieu sur les sites nucléaires et chez les fabricants d’équipements destinés à y être utilisés. Des inspections dédiées à cette thématique ont par ailleurs aussi été menées dans les services centraux de grands exploitants nucléaires. Les inspections des fournisseurs de matériels importants pour la sûreté nucléaire sont détaillées au chapitre 10. Les cas relevés sont d’abord traités en tant qu’écarts aux exigences réglementaires. Ils font de plus l’objet de discussions avec la direction des sites et les services centraux des exploitants, pour la mise en œuvre d’actions préventives. Suivant les enjeux relatifs à l’écart, un procès-verbal (PV) ou un signalement au procureur de la République est effectué. En 2023, l’ASN a effectué trois de ces signalements. Lorsque le procureur de la République lance des investigations, l’ASN fournit un appui aux enquêteurs mandatés par la justice pour les analyses techniques des documents et pour faciliter les démarches avec les exploitants nucléaires. De plus, la thématique de l’intégrité des données, c’est‑à‑dire le fait que des données n’aient pas été modifiées ou détruites de façon non autorisée, liée au risque de CFS dans le sens où des faiblesses sur la traçabilité peuvent faciliter les irrégularités, a continué d’être fréquemment abordée en 2023 et fait l’objet de demandes dans plusieurs lettres de suite d’inspections. De nouvelles CFS sont encore détectées, tant par les exploitants eux‑mêmes dans le cadre de leur surveillance et contrôles internes que par les inspecteurs de l’ASN. Plusieurs cas ont été signalés à l’ASN en 2023 et font l’objet d’un suivi et d’un traitement en lien étroit avec les exploitants et les fabricants. Les actions de l’ASN pour la prévention, la détection et le traitement des CFS ne se limitent pas aux inspections. Par exemple, l’ASN informe les exploitants et fabricants principaux de cas détectés et analyse leurs réponses. Elle échange avec les autorités de sûreté étrangères, par un canal d’échange au niveau international qu’elle a activement contribué à établir. 5.2 LE TRAITEMENT DES SIGNALEMENTS Fin novembre 2018, l’ASN a mis en ligne un portail permettant à une personne souhaitant lui signaler des irrégularités pouvant affecter la protection des personnes et de l’environnement, potentiellement un lanceur d’alerte, de l’en informer. La loi n° 2022‑401 du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte, qui modifie le dispositif conçu par la loi dite « loi Sapin 2 » du 9 décembre 2016, est entrée en vigueur le 1er septembre 2022. Elle est complétée par la loi organique n° 2022‑400 du même jour visant à renforcer le rôle du Défenseur des droits en matière de signalement d’alerte. Ces deux lois viennent renforcer le régime de protection des lanceurs d’alerte. Elles transposent, en en dépassant les exigences, la directive (UE) 2019/1937 du 23 octobre 2019 définissant un cadre commun pour cette protection. Une définition plus large du lanceur d’alerte, une simplification des canaux de signalement, le renforcement du régime de protection des lanceurs d’alerte, un nouveau statut pour leur entourage et un élargissement des missions du Défenseur des droits en matière de signalement constituent les principaux apports de ces lois. De plus, le décret n° 2022‑1284 du 3 octobre 2022 relatif aux procédures de recueil et de traitement des signalements émis par les lanceurs d’alerte et fixant la liste des autorités externes instituées par la loi n° 2022‑401 précitée est venu compléter ces dispositions en détaillant des mécanismes attendus pour les procédures de traitement des signalements. Ce décret a désigné l’ASN comme compétente pour le traitement des signalements relatifs à la radioprotection et à la sûreté nucléaire. Le dispositif mis en place au départ de manière volontaire par l’ASN a été complété et répond à ces obligations. Par un traitement de pseudonymisation des signalements reçus, l’ASN assure la confidentialité de toute personne lui envoyant un signalement. Seule une demande d’une autorité judiciaire serait de nature à briser cette confidentialité, ce qui n’est pas arrivé jusqu’à présent. Il est toutefois préférable que l’auteur du signalement laisse ses coordonnées afin que l’ASN puisse : ∙ accuser réception de son signalement ; ∙ le contacter dans le cas où des informations devraient être précisées (besoin fréquent) ; ∙ l’informer si des suites ont été données à son signalement. En 2023, 46 signalements ont été envoyés à l’ASN : les trois quarts (33) via le portail de signalement, les autres par d’autres moyens de transmission, principalement (neuf signalements) par un contact direct avec la division de l’ASN géographiquement compétente ou la direction technique en charge d’un sujet. Les signalements reçus sont variés de par : ∙ le domaine concerné : un peu moins d’un tiers concerne les INB, un quart le domaine médical ; ∙ leur contenu: ils peuvent faire état de dégradations dans l’organisation de l’entité qui pourraient affecter la radioprotection, de travaux mal réalisés, etc. Plusieurs signalements traités en 2023 concernent la vente en ligne de sources radioactives. Dans ce type de cas, l’ASN rappelle systématiquement à la plateforme concernée les exigences réglementaires en vigueur concernant la détention, la distribution, ou la cession de sources radioactives. Outre la suppression de l’annonce, il est également demandé à la plateforme de contacter l’annonceur pour que, si nécessaire, il fasse procéder à la collecte et à la reprise des sources qu’il détient ou qu’il aurait distribuées. Une proportion significative des signalements fondés reçus en 2023 concerne le non-respect des règles de radioprotection dans le domaine médical (dysfonctionnements organisationnels, équipements manquants ou inadaptés, etc.). Pour la plupart d’entre eux, les inspections menées par les inspecteurs de l’ASN permettent de rappeler aux professionnels les exigences réglementaires qui leur incombent concernant la radioprotection des travailleurs et des patients. Les constats s’inscrivent dans les évaluations exprimées dans le chapitre 7. Certains signalements sont retransmis par l’ASN à d’autres administrations lorsque leur traitement n’est pas de sa compétence. Tout signalement est examiné et pris en compte. Il peut faire l’objet d’une inspection, d’une analyse technique, d’une demande d’information à un responsable d’activité nucléaire, etc. Il peut s’agir, par exemple, d’une information relative à la sécurité d’une INB, qu’il revient au Haut Fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère chargé de l’énergie de prendre en compte. Dix signalements ont fait l’objet de vérifications lors d’inspections. Les suites de ces inspections sont traitées dans le même cadre que s’il s’agissait d’inspections courantes. Peu de signalements reçus en 2023 ont été réalisés de manière anonyme (neuf), ce qui permet de faciliter leur traitement. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 165 • 03 • Le contrôle des activités nucléaires et des expositions aux rayonnements ionisants 03 05 15 08 11 04 14 06 07 13 AN 10 02 09 12 01

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