sur des thématiques de sûreté et requiert des réévaluations de sûreté tous les dix ans. Elle renforce, en outre, les dispositions concernant l’éducation et la formation. Cette directive est transposée en droit français. Il est à noter que la législation européenne n’inscrit pas juridiquement l’indépendance institutionnelle des autorités de sûreté. 2.3 LA DIRECTIVE EUROPÉENNE EURATOM SUR LA GESTION DU COMBUSTIBLE USÉ ET DES DÉCHETS RADIOACTIFS Le 19 juillet 2011, le Conseil de l’UE a adopté une directive établissant un cadre communautaire pour la gestion responsable et sûre du combustible usé et des déchets radioactifs (directive 2011/70/Euratom). L’adoption de cette directive contribue au renforcement de la sûreté nucléaire au sein de l’UE, en responsabilisant les États membres à l’égard de la gestion de leurs combustibles usés et de leurs déchets radioactifs. Cette directive est juridiquement contraignante et couvre tous les aspects de la gestion du combustible usé et des déchets radioactifs, depuis leur production jusqu’à leur stockage à long terme. Elle rappelle la responsabilité première des producteurs et la responsabilité, en dernier ressort, de chaque État membre, d’assurer la gestion des déchets produits sur son territoire, en veillant à prendre les dispositions nécessaires pour garantir un niveau élevé de sûreté et pour protéger les travailleurs et le public des dangers des rayonnements ionisants. Elle définit clairement les obligations relatives à la sûreté de la gestion du combustible usé et des déchets radioactifs et impose à chaque État membre de se doter d’un cadre juridique relatif aux questions de sûreté, prévoyant l’instauration : ∙ d’une autorité de contrôle compétente et bénéficiant d’un statut qui garantisse son indépendance vis‑à‑vis des producteurs de déchets ; ∙ de procédures d’autorisation impliquant des demandes d’autorisation instruites sur la base de démonstrations de sûreté des exploitants. La directive encadre l’élaboration des politiques nationales de gestion du combustible usé et des déchets radioactifs que chaque État membre doit mettre en œuvre. Elle prescrit notamment que chaque État membre doit être doté d’un cadre législatif et réglementaire visant à mettre en place des programmes nationaux de gestion du combustible usé et des déchets radioactifs. La directive comprend également des dispositions sur la transparence et la participation du public, les ressources financières pour la gestion du combustible usé et des déchets radioactifs, la formation, ainsi que des obligations d’autoévaluation et d’examen régulier par les pairs du cadre national et de l’autorité de réglementation compétente. Ces aspects constituent des avancées majeures pour renforcer le caractère sûr et responsable de la gestion du combustible usé et des déchets radioactifs dans l’UE. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et l’ordonnance du 10 février 2016 ont permis d’assurer la transposition de la directive en droit français. 2.4 LA DIRECTIVE EUROPÉENNE EURATOM SUR LES NORMES DE BASE EN RADIOPROTECTION La directive 2013/59/Euratom du 5 décembre 2013 sur les normes de base en radioprotection s’applique à la justification, l’optimisation et la limitation des doses, au contrôle réglementaire, à la préparation aux situations d’urgence, à la formation et à d’autres domaines connexes (par exemple, le risque associé au radon, les substances radioactives d’origine naturelle et les matériaux de construction). Les modifications apportées en 2016 et 2018 aux codes de la défense, de l’environnement, de la santé publique et du travail ont permis d’assurer sa transposition en droit français. 2.5 LE GROUPEMENT EUROPÉEN DES AUTORITÉS DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE (ENSREG) Créé en 2008, l’ENSREG (European Nuclear Safety Regulators Group), qui rassemble des experts délégués par les pays membres de l’UE, a pour vocation de soutenir la Commission européenne dans ses initiatives en matière de législation dans le domaine de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. L’ENSREG a ainsi fait émerger un consensus politique dans l’élaboration des directives européennes en matière de sûreté nucléaire et de gestion du combustible usé et des déchets. L’ENSREG a également participé au processus d’élaboration de la révision de la directive sur la sûreté nucléaire dans le prolongement de la réflexion menée après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima. Trois groupes de travail, consacrés respectivement à la sûreté des installations nucléaires et la coopération internationale (WG1), à la sûreté de la gestion des déchets radioactifs et du combustible usé (WG2) et à la transparence dans le domaine nucléaire (WG3), structurent l’activité de l’ENSREG. L’ASN contribue aux travaux et réflexions de chacun d’entre eux. L’ENSREG organise, conformément à la directive sûreté de 2014, des examens thématiques par les pairs européens. Le premier de ces exercices, qui a débuté en 2017, a porté sur la maîtrise du vieillissement des réacteurs nucléaires et s’est achevé, pour ce qui concerne la France, avec la publication du rapport de clôture en 2021. Les travaux relatifs au deuxième examen thématique par les pairs concernant la protection des installations nucléaires contre le risque lié à l’incendie se sont poursuivis en 2023 avec la remise par les États membres, en octobre, de leur rapport national d’autoévaluation. Le rapport de la France, couvrant 11 installations représentatives de l’ensemble des installations françaises, est disponible sur asn.fr en français et en anglais. Il sera analysé par des experts internationaux durant l’année 2024, tout comme des experts français analyseront le rapport national d’autres États membres. 2.6 LE SYSTÈME EUROPÉEN D’ÉCHANGE D’INFORMATIONS EN CAS D’URGENCE RADIOLOGIQUE (ECURIE) ECURIE (European Community Urgent Radiological Information Exchange) est l’un des systèmes d’action rapide mis en place par la Commission européenne, qui dispose d’un réseau d’échange d’informations permettant de recevoir et de déclencher une alerte, et de faire ainsi circuler rapidement les informations au sein de l’UE en cas de situation d’urgence radiologique. Ce système a été mis en place par une décision du Conseil de l’UE du 14 décembre 1987 à la suite, notamment, de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) en 1986. Cette décision a été ratifiée par l’ensemble des États membres de l’UE, ainsi que par certains pays tiers tels que la Suisse et la Turquie. Dans ce cadre, l’ASN participe aux exercices que la Commission européenne organise appelés «ECUREX». En 2023, l’ASN a participé à deux exercices de ce type. 194 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 • 06 • Les relations internationales
RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=