Contrôle n°201
DÉCEMBRE 2016 | N° 201 | CONTRÔLE 57 Le déroulé de l’exercice Gérer l’urgence… Le lundi 10 juin 2013, à 7h du matin, un incident se produit sur le réacteur 3 de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. EDF déclenche immédiatement son PUI. Avertis par bipper ou sur leur téléphone portable, 25 agents de l’ASN rejoignent le centre d’urgence de l’ASN à Montrouge. L’ ASN mobilise aussi sa division d’Or- léans, géographiquement compétente, et dépêche des agents à la préfecture du Loir-et-Cher et sur le site. Au total, une cinquantaine d’agents de l’ASN sont ainsi impliqués tout au long de l’exercice. À 8h30, une insuffisance du système de refroidissement du réacteur est détectée. Elle risque de conduire à une mise hors d’eau des éléments combustibles qui pourrait entraîner des rejets radioactifs dans l’environnement. La CIC, située à Paris place Beauvau, est à son tour acti- vée sur décision du Premier ministre. Composée de l’ensemble des ministères concernés, sa mission est d’appuyer le Premier ministre dans l’exercice de sa responsabilité de direction de crise (analyse de la situation et préparation des décisions stratégiques). Quatre membres de l’ASN rejoignent la CIC : Jean-Christophe Niel, directeur géné- ral, Alain Delmestre, directeur général adjoint, Thomas Houdré, directeur des centrales nucléaires, et Jean-Luc Godet, directeur des rayonnements ionisants et de la santé. L’ IRSN en tant qu’appui tech- nique des pouvoirs publics et l’exploitant EDF y sont également représentés. À 9h05, le plan particulier d’intervention (PPI) est déclenché par le préfet. De son côté, l’ASN classe l’événement au niveau 4 de l’échelle INES 1 . Elle informe aussi les organisations internationales: l’AIEA et l’Union européenne. Pendant ce temps, à la centrale, le combustible n’est désor- mais plus entièrement plongé dans l’eau et une faible augmentation de la radioactivité ambiante commence à être détectée. L’ASN recommande alors la mise en œuvre de la phase réflexe du PPI avec l’évacuation des populations dans un rayon de 2 kmautour de la centrale, la mise à l’abri sur 8 km et l’ingestion de comprimés d’iode stable sur 10 km. Suivant ces recommandations, la préfecture enclenche l’évacuation et lamise à l’abri. Renfort des services de secours, bouclage de la zone par les gendarmes, mise à disposition de trains et d’autocars pour évacuer les riverains vers la base aérienne de Pruniers près de Romorantin: près de 30000 habitants sont concernés. Dans un rayon de 10 km, les habitants sont invités à prendre des comprimés d’iode. L’IRSN envoie des moyens sur place (cel- lules mobiles radiologiques, combinai- sons, modules de décontamination de masse, masques…) et met en place un site Internet permettant de visualiser les résultats des mesures de la radioactivité dans l’environnement. Pour informer la population, deux numéros sont activés par la préfecture. Un troisième numéro vert est activé au niveau national par la CIC quelques heures plus tard. En fin de matinée, la situation à la cen- trale continue de se dégrader. La perte de l’intégrité du confinement de l’enceinte du réacteur 3 est confirmée. L’ASN relève ses recommandations (évacuation sur 8 km, mise à l’abri sur 10 km, prise de compri- més d’iode stable sur 15 km) et reclasse l’accident au niveau 5 de l’échelle INES. Sur le terrain, l’évacuation se poursuit. Les gendarmes s’emploient à convoyer les par- ticuliers jusqu’à la base de Pruniers et à réguler le trafic perturbé par la fermeture de l’A10 entre Orléans et Blois. Dans l’après-midi, les plans blancs des hôpitaux de la région sont activés à la demande du ministère de la Santé. Des équipes formées au risque NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) sont alertées. Quatre personnes contaminées sont prises en charge: deux sapeurs-pompiers de la cellule radiolo- gique et deux gendarmes qui procédaient à l’évacuation des populations. Un peu plus tard, le ministère de l’Agriculture interdit jusqu’à nouvel ordre la consommation des denrées animales et végétales dans un rayon de 10 km. Les agriculteurs sont invités à ne pas retourner sur la zone et à se rapprocher des organisations profes- sionnelles pour effectuer le recensement des cheptels laissés sur place en vue d’une éventuelle indemnisation. À 18h45, EDF annonce avoir récupéré un système de secours d’alimentation en eau du cœur du réacteur 3. L’ ASN recom- mande la prudence et préconise le main- tien à l’abri des populations dans le rayon de 10 km et l’achèvement de l’évacuation. Pour anticiper la phase post-accidentelle, l’IRSN prépare une cartographie provi- soire de la contamination de l’environ- nement et des denrées alimentaires en s’appuyant sur les résultats des premières mesures. RETOUR SUR L’EXERCICE MAJEUR D’URGENCE NUCLÉAIRE « SECNUC 2013 » Un exercice majeur d’urgence nucléaire simulant un accident à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher, était organisé les 10 et 11 juin 2013. Ce type d’exercice, impliquant à la fois les échelons locaux et nationaux des différentes parties prenantes, a lieu tous les trois ans sous la conduite et à l’initiative du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Objectif : mettre en œuvre les dispositions du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur et tester l’ensemble de la chaîne organisationnelle et décisionnelle dans le cas où une telle situation d’urgence se produirait. 1. International Nuclear Event Scale ou échelle internationale des événements nucléaires. Cette échelle permet d’évaluer la gravité d’un incident ou d’un accident nucléaire ou radiologique. Elle comporte 8 niveaux, allant du simple écart (0) à l’accident majeur (7).
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