Création du SCSIN Créé par décret en 1973, à la suite du premier accident de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, le Service central de sûreté des installations nucléaires (SCSIN) avait la charge de préparer et de mettre en œuvre toutes les actions techniques relatives à la sûreté nucléaire : réglementation, coordination des études de sûreté, information nucléaire. C’est à cette structure légère, dépendante du ministère de l’Industrie, qu’incombait la mission d’instruire les dossiers d’autorisation relatifs aux installations nucléaires de base (INB). Le Service est devenu la Direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) en 1991, puis la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR) en 2002. L’ASN en est directement issue en 2006. Améliorations de gouvernance et techniques L’accident du 17 octobre 1969 est considéré comme exceptionnel par les experts d’EDF et du CEA. L’analyse des causes conduit rapidement à diagnostiquer qu’une combinaison entre une erreur humaine et une erreur de l’automatisme qui assure le chargement a entraîné l’accident. Cet événement conduira à améliorer le dispositif de détection de rupture de gaines des réacteurs UNGG et les dispositifs de manutention des combustibles. Il fera l’objet d’un suivi par un groupe d’experts (du CEA et d’EDF, mais aussi du ministère de l’Industrie) dans les mois suivant l’événement. Sur le plan de la communication, l’accident n’est pas caché mais reste discret. Le 31 octobre 1969, un article du Monde fait état de l’accident comme « incident ». Cela ne provoque aucune réaction particulière en France. Le déroulement de l’accident a, toutefois, fait l’objet d’une publication dans une revue spécialisée ainsi que d’un film, réalisé par la centrale de Saint-Laurentdes-Eaux, montrant les différentes phases de remise en état. Trois conférences internationales, à Londres, à Paris et en Allemagne, se sont tenues entre octobre et décembre 1970, témoignant d’une volonté de faire connaître aux spécialistes concernés, en France et à l’étranger, l’accident et ses méthodes de résolution. Valorisation des retours d’expérience à l’échelle mondiale L’accident du 13 mars 1980 fait l’objet d’une analyse plus formalisée que celui de 1969, étant donné l’existence d’un organisme de contrôle au sein du ministère de l’Industrie, le SCSIN, ancêtre de l’ASN, d’un expert public rattaché au CEA, l’IPSN, et d’un groupe permanent d’experts. L’IPSN rédige deux rapports, l’un consacré à l’accident du 13 février 1980, qui pointe des défaillances organisationnelles et humaines, et un autre à celui du 13 mars, qui précise qu’il s’agit d’un problème de conception. Les experts de l’IPSN mentionnent également un manque de prise en compte du retour d’expérience d’accidents survenus à l’étranger : un incident précurseur (arrachage de tôles) s’était déroulé dans la centrale nucléaire de Vandellos en Espagne en 1976, centrale vendue par la France et copie conforme de la centrale de Saint-Laurentdes-Eaux (voir citation ci-contre). Le rapport de l’IPSN sur l’accident du 13 mars 1980 précise : « cet incident a échappé à l’attention. » De même, le risque d’un projectile pouvant causer une perte de refroidissement, ce qui correspond au scénario de l’accident de 1980, n’avait pas été pris en compte alors qu’elle avait fait l’objet d’études au milieu des années 1970 en France. ? Quels enseignements peut-on tirer des accidents nucléaires de Saint-Laurent-des-Eaux « ...une attention particulière doit être portée par Électricité de France au fonctionnement des divers réacteurs de la même filière en exploitation à l’étranger – notamment Vandellos en Espagne – afin de tirer tous les enseignements des événements précurseurs d’incidents.» SCSIN «Centrales nucléaires du type graphite-gaz, Enseignements des incidents de la deuxième tranche de Saint-Laurent-des-Eaux A», 13 janvier 1981 Accidents nucléaires et évolutions de la sûreté et de la radioprotection • 11
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