Voir glossaire pages 33 à 36 Saint-Laurent-des-Eaux, deux accidents français Les deux accidents de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux sont les événements nucléaires les plus importants jamais recensés en France. Rétrospectivement classés par l’ASN au niveau 4 sur l’échelle INES, ils se sont produits sur des réacteurs de la filière UNGG, une technologie aujourd’hui abandonnée et en cours de démantèlement. L’accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux de 1969 Le 17 octobre 1969, fusion de cinq éléments combustibles Une erreur se produit lors d’une opération de chargement du réacteur graphite-gaz A1. Cette erreur empêche la bonne circulation du dioxyde de carbone, lequel sert de réfrigérant. Elle a pour conséquence de réduire fortement le refroidissement des éléments combustibles présents dans un canal du cœur du réacteur. Une élévation de température des gaines, en alliage de magnésium et de zirconium, de cinq éléments combustibles se produit, entraînant leur dégradation. Le réacteur s’arrête automatiquement, du fait de la montée de radioactivité dans le caisson du réacteur. Les cinq éléments combustibles correspondent à une cinquantaine de kilogrammes d’uranium. Les conséquences radiologiques restent limitées : l’uranium est très faiblement irradié, dans la mesure où les éléments combustibles venaient d’être chargés dans le réacteur. Le nettoyage Une dizaine de jours après l’accident, le temps que le combustible nucléaire refroidisse, les opérations de nettoyage de l’uranium fondu commencent. À l’issue de ces opérations, 47 kg d’uranium sont récupérés, essentiellement à l’aide de moyens téléopérés. Des interventions humaines complémentaires ont été nécessaires pour récupérer certains débris. Dédiée à l’entraînement des opérateurs en charge du nettoyage, une maquette grandeur nature de l’ensemble à nettoyer a été construite. L’arbitrage technologique Deux technologies nucléaires sont alors en compétition : la filière graphite-gaz, considérée comme « nationale » et la filière à eau sous pression, celle des REP. Le président de la République Charles De Gaulle a une préférence pour la filière graphite-gaz, alors que Georges Pompidou, qui lui succède en 1969, favorise la filière à eau sous pression. Peu après l’accident, la filière graphite- gaz est abandonnée au profit de la filière à eau sous pression. Les réacteurs UNGG Les réacteurs UNGG constituent la première génération du nucléaire français. Ils utilisent un combustible d’uranium naturel (non enrichi), modéré au graphite, et avec du gaz CO2 comme caloporteur. EDF avait annoncé la veille de l’accident de 1969 l’abandon de la filière, pour des raisons économiques plus que techniques, au profit de la filière des réacteurs à eau sous pression (REP). Représentation des réacteurs A1 et A2 de Saint-Laurentdes-Eaux. 8 • Les cahiers Histoire de l’ASN • Novembre 2023
RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=