Les cahiers Histoire de l'ASN #01

L’accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux de 1980 Le 13 mars 1980, fusion de deux éléments combustibles Une hausse brutale de la radio- activité dans le caisson du réacteur conduit à l’arrêt automatique de ce réacteur. Les alarmes retentissent, une fusion partielle du cœur se produit sur le réacteur A2. Cette fusion est déclenchée par le décrochage d’une tôle au sein du circuit de refroidissement qui vient boucher une partie de celui-ci puis fait augmenter localement la température du combustible. 20 kg d’uranium fondent après l’arrêt d’urgence du réacteur. Le professeur Pierre Pellerin, responsable du SCPRI, expliquera à la commission de surveillance de la centrale «que la pression à l’intérieur du réacteur équivalait à trente fois la pression atmosphérique et qu’il fallait procéder à quelques rejets pour dégonfler le caisson». Les rejets d’effluents radioactifs gazeux cumulés sont restés faibles car un temps d’attente a été respecté pour dégonfler le caisson, sachant que le combustible était irradié. Ces rejets d’une faible quantité n’ont pas conduit à un dépassement des limites alors autorisées, encadrées par décret. Dégâts et remise en service La quantité de combustible fondu est plus faible qu’en 1969 (20 kg contre 50 kg), mais le combustible est plus radioactif puisqu’il a accumulé les produits de fission et actinides mineurs lors de son utilisation pendant deux ans dans le réacteur. Cinq cents salariés d’EDF et sous- traitants sont impliqués pendant les 29 mois que durent les opérations de nettoyage et de remise en état du réacteur. Les poussières d’uranium dispersées dans le bâtiment réacteur lors de l’accident ont constitué pendant longtemps un risque de contamination. Plusieurs tonnes de plomb sont apportées dans le bâtiment réacteur pour servir de protection radio- logique. Les travaux de nettoyage et de réparation ont duré jusqu’en 1982. L’installation a redémarré en octobre 1983. Les deux réacteurs A1 et A2 de la filière UNGG ont été définitivement arrêtés respectivement en avril 1990 et mai 1992. Bien plus tard, en 2015, une polémique éclate concernant des rejets de plutonium dans la Loire, à la suite de l’accident (voir page suivante). La centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux se situe sur la commune de Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cher (41) en bord de Loire, entre Orléans (30 km en amont) et Blois (28 km en aval). Les accidents concernent uniquement les deux anciens réacteurs nucléaires A1 et A2 de la filière UNGG en phase de démantèlement et les deux silos d’entreposage de déchets (chemises de graphite) associés. Ces deux réacteurs, mis en service en 1969 et 1971, ont été arrêtés respectivement en avril 1990 et mai 1992. Cette centrale nucléaire comprend aussi deux réacteurs REP, B1 et B2, qui sont en fonctionnement depuis 1983. Ils ont une puissance unitaire de 915 mégawatts. Une mission d’enquête diligentée en 2015 Les deux événements ont été ultérieurement classés au niveau 4 (accident) de l’échelle INES (voir p.6), adoptée par l’AIEA en 1994 à la suite de l’accident de Tchernobyl. Une mission d’enquête, réalisée à la demande de la ministre de l’Écologie, conclut à des faibles rejets ne dépassant pas les normes en vigueur au moment des faits. L’année 1980 est aussi marquée par deux incidents notables sur la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. • Le 13 février 1980 À la suite d’une montée en puissance très rapide, liée à des insuffisances dans les consignes d’exploitation, des gaines de plusieurs éléments combustibles fondent sans que l’uranium ne subisse ce même phénomène. • Le 21 avril 1980 Un conteneur explose dans une piscine dans laquelle étaient stockées des barres de combustibles « usées » retirées du réacteur et dont la gaine était endommagée (en attente de leur évacuation hors du site). Des produits de fission sont libérés dans l’eau de la piscine. Accidents nucléaires et évolutions de la sûreté et de la radioprotection • 9

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