Région Hauts-de-France : en 2023, le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection reste globalement satisfaisant

Publié le 13/09/2024 à 10:10

Communiqué de presse

A l’occasion de la parution du Rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023, la division territoriale de Lille de l’ASN présente les conclusions des actions de contrôle qu’elle a menées tout au long de l’année 2023 en région Hauts-de-France.

L’activité de contrôle de l’ASN en 2023 dans les Hauts-de-France

94 inspections

  • 37 inspections dans la centrale nucléaire de Gravelines ;
  • 50 inspections dans le nucléaire de proximité ;
  • 7 inspections dans le domaine du transport de substances radioactives.

6 événements significatifs classés au niveau 1 de l’échelle INES et 2 au niveau 1 de l’échelle ASN-SFRO ont été déclarés à l’ASN.

18,5 journées d’inspection du travail dans la centrale nucléaire de Gravelines.

Le contrôle de la centrale nucléaire EDF de Gravelines

Centrale nucléaire de Gravelines

Le site de Gravelines abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département du Nord, à 21 km à l'Est de Calais et à 15 km à l'Ouest de Dunkerque.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Gravelines rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur EDF en matière de sûreté nucléaire et de protection de l’environnement mais demeurent en retrait de l’appréciation générale que l’ASN porte sur EDF en matière de radioprotection.

Sur le plan de la sûreté nucléaire, les performances ont légèrement progressé en 2023, notamment en ce qui concerne la conduite des installations. Le plan « rigueur » de l’exploitant a permis des améliorations mais l’ASN continue de constater des pratiques ou comportements inadaptés. À l’occasion du troisième point d’étape, à la fin du 3e trimestre 2023, une inspection de l’ASN portant sur les facteurs organisationnels et humains a permis de constater un pilotage satisfaisant du plan rigueur et des résultats globalement en progression. Le nombre d’événements significatifs déclarés à l’ASN est moindre qu’en 2022, mais reste plus élevé que la moyenne nationale EDF, et le nombre d’événements classés au niveau 1 de l’échelle INES a connu une forte réduction. Cependant, cette amélioration devra être confirmée dans le temps pour traduire une réelle amélioration des performances du site.

Sur le plan de la maintenance des installations, l’année 2023 a, de nouveau, été marquée par des prolongations importantes des durées d’arrêt des réacteurs, la simultanéité de plusieurs arrêts durant l’été et un programme industriel chargé. Ce surcroit d’activité et la sollicitation inhabituelle des services au cœur de l’été ont conduit à des activités de maintenance insuffisamment préparées.

L’ASN a procédé à une inspection renforcée du site dans le domaine de l’environnement, en lien avec les enjeux de la poursuite de fonctionnement au-delà de la 4e visite décennale, montrant une organisation et des performances globalement satisfaisantes même si des écarts doivent être corrigés comme l’alerte des personnels du site en cas de dégagement de gaz toxique. Les efforts des dernières années ont permis par ailleurs une amélioration de la gestion des équipements utilisant du SF6 (puissant gaz à effet de serre).

En matière de radioprotection, l’ASN relève des progrès. Le nombre d’événements significatifs est en légère baisse au regard de la période précédente mais des lacunes persistent et l’ASN constate une recrudescence d’écarts liés à des défauts de culture de radioprotection ou de rigueur des intervenants en ce qui concerne les conditions d’accès en zone réglementée.

L’ASN note positivement les actions de prévention déployées en matière de sécurité à la suite des mauvais résultats des années précédentes, bien que le nombre d’accidents du travail demeure à un niveau élevé. Des améliorations sont attendues dans les vérifications réglementaires des équipements de travail servant au levage ou en matière de coordination de la prévention des risques liés à la coactivité sur le site.

Maitrise de l’urbanisation autour des installations nucléaires de Gravelines

Le Dunkerquois connait une forte dynamique en termes de projets industriels et de projets d’aménagement et d’urbanisation portés par les collectivités (Ville de Gravelines). Pour certains, leur emplacement est envisagé à proximité de la centrale et du site des APF de Total – en cours de déconstruction – sur lequel EDF envisage de construire une paire de réacteurs EPR2.

La situation est à considérer avec d’autant plus de précaution qu’il s’agit de projets d’établissements, parfois à risques, situés dans la zone d’aléas à cinétique rapide de la centrale de Gravelines.

L’ASN rendra son avis sur chacun des projets quand elle sera consultée, mais considère qu’il serait nécessaire d’établir rapidement une vision globale et concertée des différents projets, y compris de manière prospective, afin que les enjeux liés aux risques présentés par l’ensemble de la future plate-forme industrielle et aux éventuels projets d’aménagement portés par les collectivités, a minima dans le périmètre de la phase réflexe, soient anticipés.

Nucléaire de proximité

L’ASN considère que l’état de radioprotection dans le domaine médical est satisfaisant, mais des fragilités persistent, notamment dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées (PIR), pour lequel des manquements aux obligations de formation à la radioprotection du personnel et de conformité des locaux sont encore constatés. Quel que soit son niveau de maturité, la culture de radioprotection doit rester vivante afin d’éviter d’oublier des erreurs du passé. Ainsi, au niveau national, un nombre inédit d’erreurs de cible en radiothérapie, en particulier des erreurs de latéralité, a été rapporté en 2023 et continue en 2024.

Une attention particulière est portée aux signaux faibles observés dans un contexte général de manque de moyens, parfois financiers, mais surtout humains. L’ASN note également une augmentation de remontées, en inspection et par le dispositif de recueillement des signalements des lanceurs d’alerte, de situations conflictuelles internes pouvant avoir des conséquences en radioprotection.

L’ASN attire l’attention des décideurs sur la nécessité d’adapter les organisations afin d’assurer des conditions de travail satisfaisantes aux intervenants et de définir précisément les rôles et les responsabilités de l’ensemble des acteurs dans le domaine de la radioprotection. La responsabilisation de l’ensemble des acteurs est nécessaire pour assurer le maintien et le développement de la culture de radioprotection.

En savoir plus :


L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’Etat, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour protéger les personnes et l’environnement. Elle informe le public et contribue à des choix de sociétés éclairés. Le rapport de l’ASN sur l’état de sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2022 est téléchargeable en ligne

Publié le 16/05/2024

La sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2023

Le niveau de sûreté des installations nucléaires a été satisfaisant en 2023 avec une moindre tension sur les installations du cycle du combustible qu’en 2022 et la mise en œuvre par EDF d’une stratégie jugée appropriée par l’ASN pour faire face et traiter le phénomène de corrosion sous contrainte apparu sur certains de ses réacteurs. Les performances en matière de radioprotection se sont maintenues à un bon niveau malgré une augmentation, dans le secteur médical, d’événements significatifs de niveau 2. Cette situation contrastée conduit à rappeler l’importance des analyses de risques en radiothérapie.

 

Contact presse :
Evangelia PETIT, cheffe du service presse - 01 46 16 41 42 -  evangelia.petit@asn.fr

Date de la dernière mise à jour : 16/09/2024