Région Grand Est : sûreté nucléaire et radioprotection en 2021

Publié le 20/09/2022 à 10:15

Communiqué de presse

A la suite de la parution, en mai dernier, du Rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France, les divisions territoriales de Châlons-en-Champagne et Strasbourg de l’ASN présentent les conclusions des actions de contrôle qu’elles ont menées tout au long de l’année 2021 en région Grand Est.

L’activité de contrôle de l’ASN en 2021 en Région Grand Est


186 inspections

  • 63 inspections dans les centrales nucléaires en exploitation ;
  • 11 inspections dans les installations de stockage de déchets radioactifs et sur les sites des centrales nucléaires de Fessenheim et de Chooz A, en démantèlement ;
  • 87 inspections dans le domaine du nucléaire de proximité ;
  • 14 inspections concernant le transport de substances radioactives ;
  • 11 inspections concernant des organismes ou laboratoires agréés.

17 événements significatifs au niveau 1 sur l’échelle INES

  • 16 ont été déclarés par les exploitants des installations nucléaires de la région Grand Est ;
  • 1 a été déclaré dans le domaine du nucléaire de proximité (1 dans le domaine industriel).

1 événement significatif au niveau 2 sur l’échelle INES

  • 1 événement a été reclassé au niveau 2 suite à la découverte de sources radioactives dans le cadre de la contamination radiologique d’un ancien bâtiment de l’hôpital civil de Strasbourg

Le contrôle des installations nucléaires

Centrale nucléaire de Cattenom

Le site de Cattenom abrite la centrale nucléaire exploitée par EDF dans le département de la Moselle, à 5 km de Thionville.
Le site se trouve à 10 km du Luxembourg et de l'Allemagne. Cette centrale nucléaire est constituée de 4 réacteurs à eau sous pression d'une puissance de 1300 MWe.
Les réacteurs 1, 2, 3 et 4 constituent respectivement les installations nucléaires de base (INB) 124, 125, 126 et 137.

L’ASN considère que la performance de la centrale de Cattenom en matière de sûreté rejoint l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF à la suite de l’amélioration observée en 2020. Comme les années précédentes, la performance en matière de protection de l’environnement et de radioprotection se situe dans la moyenne, mais des progrès restent attendus.

Sur le plan de l’exploitation et de la conduite des réacteurs, l’ASN considère que les résultats confirment le début d’amélioration identifié en 2020, malgré plusieurs sujets pouvant encore progresser.

En matière de maintenance, l’année 2021 a été relativement plus chargée que 2020, avec trois arrêts de réacteur, dont celui pour la troisième visite décennale du réacteur 3.

En matière de protection de l’environnement, les rejets en effluents gazeux et liquides ainsi que la gestion des déchets sont bien maîtrisés, mais le site reste marqué par des fragilités, qui se sont illustrées par un nombre relativement élevé d’événements.

Enfin, dans le domaine de la radioprotection et de la sécurité au travail, le tableau reste contrasté : si certains écarts observés les années précédentes ne se sont pas renouvelés, le nombre d’événements est resté élevé, y compris sur des éléments fondamentaux de radioprotection.

Centrale nucléaire de Chooz B

Le site de Chooz regroupe notamment les réacteurs de la centrale nucléaire dite Chooz B implantée dans les Ardennes, à la pointe nord du département. Le site se trouve à moins de 10 km de la Belgique.
Exploitée par EDF, cette centrale est constituée de deux réacteurs à eau sous pression d'une puissance de 1450 MWe. Ces réacteurs ont été mis en service en 1996 et 1997.

L’ASN considère que les performances en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l’environnement de la centrale nucléaire de Chooz B rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF.

Sur le plan de la sûreté nucléaire, l’ASN constate que, malgré un début d’année 2021 prometteur, la dynamique de progrès installée depuis plusieurs années dans l’exploitation des réacteurs ne s’est pas pleinement poursuivie.

Concernant la maintenance et les travaux liés à l’arrêt pour simple rechargement du réacteur 2, l’ASN considère que les activités de contrôle se sont déroulées de façon satisfaisante.

En matière de radioprotection, des progrès ont été notés dans la démarche d’optimisation des doses. Des comportements individuels inappropriés en matière de culture de la radioprotection et de respect des principes de base ont néanmoins été constatés.

Concernant la protection de l’environnement, l’ASN considère l’organisation du site globalement satisfaisante.

Réacteur en démantèlement de Chooz A

Le site de Chooz regroupe les réacteurs des centrales nucléaires dites Chooz A et Chooz B dans le département des Ardennes. Le site se trouve à moins de 10 km de la Belgique.

En 2021, les travaux de démantèlement des équipements à l’intérieur de la cuve ont été achevés. La prochaine étape est la vidange de la piscine du bâtiment réacteur en vue du démantèlement de la cuve. L’installation d’un évaporateur, afin de traiter l’eau de la piscine avant rejet, est en cours pour un début d’exploitation dans le courant de l’année 2022.

Centrale nucléaire de Fessenheim

La centrale nucléaire de Fessenheim comprend deux REP, d’une puissance unitaire de 900 MWe. Elle est située à 1,5 km de la frontière allemande et à 30 km environ de la Suisse. Les deux réacteurs, mis en service en 1977 et arrêtés définitivement en 2020, sont en période de préparation au démantèlement.

L’ASN considère que le site a su maintenir un sérieux et une dynamique robustes dans le suivi de l’exploitation des installations, malgré un niveau d’activités d’exploitation et de maintenance significativement réduit par rapport à la période de production. Ainsi, l’année 2021 a été principalement occupée par la poursuite des activités préparatoires au démantèlement.

Plusieurs chantiers importants sont appelés à se poursuivre en 2022, avec notamment l’évacuation du combustible du second réacteur, la mise en œuvre de la décontamination des circuits primaires

des deux réacteurs et la création, dans la salle des machines, de l’installation de gestion des déchets produits par le démantèlement.

En matière de radioprotection, malgré une confirmation de l’amélioration de la prévention de la contamination des voiries du site et une tendance fortement à la baisse de la dosimétrie globale des travaux réalisés dans les installations, la vigilance reste de mise, compte tenu de la survenue de plusieurs événements qui révèlent un défaut de précaution de certains intervenants vis‑à‑vis des modalités de sortie de zone, de balisage ou encore de dosimétrie individuelle.

Centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine

La centrale nucléaire de Nogent‑sur‑Seine, exploitée par EDF dans le département de l’Aube, dans la commune de Nogent‑sur‑Seine à 70 km au nord‑ouest de Troyes, est constituée de deux réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 1 300 MWe chacun, mis en service en 1987 et 1988. Le réacteur 1 constitue l’INB 129, le réacteur 2 l’INB 130.

L’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire de Nogent‑sur‑Seine dans le domaine de la sûreté et de l’environnement rejoignent l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF. Cette appréciation concerne également le domaine de la radioprotection, avec néanmoins une réserve liée à certaines améliorations qui sont attendues dans les comportements individuels.

Dans le domaine de la sûreté nucléaire, l’ASN note que l’exploitant a progressé, notamment concernant la maîtrise des spécifications techniques d’exploitation des réacteurs. Elle considère néanmoins que ces progrès restent fragiles et qu’EDF doit poursuivre ses efforts pour améliorer encore la rigueur d’exploitation des réacteurs.

S’agissant de la maintenance, l’ASN considère que la situation est globalement satisfaisante.

En matière de radioprotection des travailleurs, l’année a été marquée par certains comportements individuels inappropriés des intervenants, essentiellement des prestataires.

Concernant la protection de l’environnement, l’ASN considère que les bons résultats du site au cours de l’année précédente se sont confirmés.

Centre de stockage de l'Aube (CSA)

Le site nucléaire de Soulaines-Dhuys (Aube) abrite le centre de stockage de l'Aube exploité par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA). Il est situé à environ 50 km de Troyes. Ce site constitue l'installation nucléaire de base (INB) 149.

L’année 2021 a été marquée par un retour à une activité normale des installations du centre (post crise liée à la pandémie de Covid-19). La construction de nouveaux ouvrages destinés au stockage futur de déchets s’est par ailleurs poursuivie. L’ASN considère que le CSA est exploité dans des conditions satisfaisantes dans les domaines de la sûreté, de la radioprotection et de l’environnement.

L’ASN considère que les expérimentations et travaux scientifiques menés par l’Andra dans le laboratoire souterrain de Bure se sont poursuivis en 2021 avec un bon niveau de qualité, comparable à celui des années précédentes.

Projet de centre de stockage en couche geologique profonde Cigéo

Cigéo est le projet de centre de stockage de déchets radioactifs en couche géologique profonde porté par l’ANDRA. Conformément aux termes de la loi du 28 juin 2006 aujourd’hui codifiée, Cigéo est conçu et dimensionné par l’ANDRA pour stocker les déchets radioactifs de haute activité et de moyenne activité à vie longue (HA-MAVL).

Phénomène de corrosion sous contrainte


Le 21 octobre 2021, à la suite de la réalisation de contrôles par ultrasons programmés lors de la deuxième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux, EDF a informé l’ASN de la détection d’indications au niveau de soudures des coudes des tuyauteries d’injection de sécurité du circuit primaire principal du réacteur.

EDF poursuit actuellement ses études pour compléter ses connaissances sur le phénomène et développe de nouveaux moyens de contrôle, notamment par ultrasons, permettant de mesurer la profondeur des fissures. EDF prévoit de contrôler l’ensemble de ses réacteurs avec ces nouveaux moyens.

L’ASN a engagé avec l’appui de l’IRSN l'instruction des éléments remis par EDF afin de s’assurer de la pertinence des analyses de sûreté transmises, du programme de travail proposé et des conditions de sa réalisation. Elle mène par ailleurs des inspections pour s’assurer des conditions de déclinaison de ce programme. Les groupes permanents d’experts pour les équipements sous pression nucléaires et réacteurs placés auprès de l’ASN sont associés à cette action.

Le 26 juillet 2022, l’ASN a pris position sur la stratégie de contrôle proposée par EDF vis-à-vis du phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) affectant ses réacteurs. L’ASN considère que la stratégie d’EDF est appropriée compte-tenu des connaissances acquises sur le phénomène et des enjeux de sûreté associés.
Des contrôles dédiés seront réalisés lors des arrêts de réacteurs programmés en 2022 et 2023 pour les installations de la région Grand Est.

Dans la région Grand Est, le phénomène de CSC a été mis en évidence à la centrale de Chooz B. Les contrôles se poursuivent dans les centrales de Chooz B et de Cattenom et concerneront également la centrale de Nogent-sur-Seine en 2023.

En savoir plus :


L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité administrative indépendante, assure, au nom de l’Etat, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour protéger les personnes et l’environnement. Elle informe le public et contribue à des choix de sociétés éclairés. Le rapport de l’ASN sur l’état de sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2021 est téléchargeable en ligne

Publié le 16/05/2022

La sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2021

En 2021, la sûreté des installations nucléaires ainsi que la radioprotection dans les secteurs médicaux, industriels et des transports de substances radioactives se sont maintenues à un niveau satisfaisant, en grande continuité par rapport au niveau constaté en 2020.
Ce qui ressort plus particulièrement de l’année 2021, et notamment de sa seconde partie, ce sont les fragilités industrielles qui touchent l’ensemble des installations nucléaires et le débat qui s’est installé sur les choix de politique énergétique et la place du nucléaire dans ces choix.

 

Contact presse :
Evangelia PETIT, cheffe du service presse - 01 46 16 41 42 -  evangelia.petit@asn.fr

Date de la dernière mise à jour : 16/05/2024