L’accident de Fukushima
L’accident de Fukushima a fait l’objet de nombreuses études et projets de recherche dont certains sont repris en annexe des nouvelles recommandations du Codirpa. Ces études ont servi de socle pour l’évolution des recommandations pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire, qui ont été publiées à l’automne 2022 (voir la page « les documents d’accompagnement »). Les dernières recommandations du Codirpa au Gouvernement intègrent différents éléments de retour d’expérience de l’accident de Fukushima, comme par exemple la gestion d’une contamination durable à la suite de rejets radioactifs de longue durée, les restrictions alimentaires et le contrôle des denrées à mettre en place, la gestion des déchets, etc.
La protection de la population pendant la phase d’urgence
Très rapidement après l’accident, deux dispositions principales ont été prises par les autorités japonaises, d’une part l’évacuation de la population, en plusieurs épisodes, des zones les plus touchées par les dépôts radioactifs et d’autre part la mise en place du contrôle de contamination radiologique de l’ensemble des denrées alimentaires issues des zones affectées par les dépôts radioactifs. La stratégie globale du gouvernement japonais pour la protection de la population durant la phase de transition a été promulguée le 17 mai, avec 9 groupes d’actions. Parmi elles, les actions spécifiques au retour de la population dans les trois zones définies par les autorités en fonction des niveaux d’exposition prévisionnelle (zone de retour difficile ; zone d’évacuation délibérée ; zone de préparation à l’évacuation), et des actions de soutien psychologique, de réassurance, de suivi sanitaire et de dédommagement de la population, et des actions d’accompagnement spécifique pour les entreprises (y compris agricoles) et pour les municipalités. Durant cette période, différentes actions de décontamination et de gestion des déchets ont également été mises en place.
Les leçons de la gestion à long terme de l’accident de Fukushima
L’importance du développement d’une culture de radioprotection
Rapidement après l’accident, une défiance envers les autorités japonaises a conduit de simples citoyens à rechercher de l’information sur la situation radiologique de leur territoire, avec le soutien d’universitaires japonais.
Une culture de radioprotection s’est progressivement développée, fondée sur la mesure de la radioactivité ambiante dans un premier temps, la mise en place de l’affichage du débit de dose en continu dans les lieux publics, puis sur la mesure des produits alimentaires et la publication d’un guide de comportement pour les habitants des territoires contaminés.
L’incidence économique de l’accident
Là encore, rapidement après l’accident, une défiance envers les productions agricoles de la région de Fukushima est apparue dans la population japonaise, même celle résidant loin de cette région. Ainsi, le riz produit dans la région de Fukushima a perdu des parts de marché, et la pêche a été durablement affectée, même si la principale raison initiale était la destruction des infrastructures portuaires par le tsunami. Les études portant sur les aspects de revitalisation économique montrent une situation complexe, nécessitant à la fois la réassurance des consommateurs sur la qualité des produits proposés et l’acculturation des travailleurs à la radioprotection pour garantir le maintien d’une capacité de production locale.
La gestion de la contamination radioactive dans les productions s’avère n’être qu’une des facettes d’un problème complexe, nécessitant une gestion globale concertée. Actuellement, la revitalisation économique des territoires affectés par l’accident de Fukushima repose surtout sur le développement de nouvelles activités, tertiaires notamment, plus que sur la restauration des activités antérieures à l’accident.
La gestion des déchets radioactifs
Les autorités japonaises ont retenu une stratégie de décontamination visant à privilégier la réduction de l’exposition de la population, et consistant à engager des opérations de nettoyage de grande ampleur : décapage des terres, élagage des arbres, nettoyage du bâti et des infrastructures routières, etc. Cette stratégie, si elle a permis de réduire d’un facteur deux en moyenne le débit de dose ambiant, permettant ainsi de lever certains ordres d’évacuation, a également engendré un volume de déchets radioactifs très important, estimé à 20 millions de m3 avant tout traitement.
Les autorités japonaises ont dû donc mettre en place une stratégie de gestion de ces déchets avec, d’une part, l’utilisation à grande échelle de méthodes de réduction de volume (incinération des déchets putrescibles, traitement des eaux contaminées) et, d’autre part, la création de sites d’entreposage temporaire et d’un site de stockage de long terme.
Le retour de la population évacuée
C'est l’une des clefs essentielles de la revitalisation d’un territoire à la suite d’un accident nucléaire. Ce retour, autorisé sur la base de critères liés au dépassement d’un seuil d’exposition à la radioactivité environnante, par son caractère binaire a été source d’incompréhension et de sentiment d’injustice. Par ailleurs, le retour est d’autant plus favorisé que le délai entre l’évacuation et le retour est faible.
Dans la préfecture de Fukushima, le taux de retour est très faible pour des durées d’évacuation supérieures à cinq ans, les évacués ayant préféré refaire leur vie ailleurs dans l’attente d’un retour hypothétique. Cette question du retour apparait donc comme une question de choix personnel, choix qui doit être éclairé par une information objective et transparente, à la fois sur les critères utilisés et sur les conditions de vie locale.