Projet de décision de l’ASN relative à la poursuite du fonctionnement du réacteur n°5 de la centrale nucléaire du Bugey après son troisième réexamen de sûreté (Saint-Vulbas - Ain)

Mon avis est clairement négatif sur le maintien en activité des vieilles centrales françaises dont celle du Bugey. Il faut arrêter de jouer avec le feu, enfin le nucléaire. Les risques sont peut-être faibles selon les "experts" mais les conséquences d'un accident trop importantes. Tout faire aussi pour développer les énergies renouvelables.
Concernant les modalités de cette consultation, elle me laisse sans voix (ou presque) : un tel sujet mérite un vrai débat national, pas une information sur un site obscur et mal connu, avec une publication large des résultats (et pas sur ce seul site).

e suis tout d'abord surpris par le mode de consultation : est-il légal de se contenter d'un mode électronique, pas nécessairement accessible à tous, et de plus non formalisé ?
Ensuite, il est évident que le réacteur en question est prolongé au delà du raisonnable. Le problème aujourd'hui, c'est que le risque augmente de façon exponentielle avec le temps qui passe. Aux lois habituelles de la fiabilité (augmentation progressive du taux de panne à l'approche de la fin de vie) s'ajoutent deux phénomènes qui amplifient les risques :
. le premier est le mode d'exploitation de la production d'énergie, maintenant confié à des entreprises privées cherchant à générer des profits pour leurs actionnaires. Parmi les méthodes de gestion appliquées dans ce but, deux théories créent le danger lorsqu'elles sont appliquées à des industries à risque. La première est la diminution des coûts de maintenance : on cherche à « optimiser » les ratios coûts de maintenance sur capital immobilisé ou sur coût de production. Sur un parc vieillissant, ces ratios ne peuvent que se dégrader, ce qui entraîne de la part des gestionnaires des prises de décision à risque. La seconde est la réduction systématique du temps travaillé, ou augmentation de la productivité. La pression sur les salariés en charge de l'exploitation augmente, augmentant de ce fait les risques psycho-sociaux. Cette augmentation des RPS, entraînant des problèmes de santé pour les salariés, s'accompagne systématiquement par l'augmentation du nombre d'erreurs commises lors du travail.
De façon générale, l'approche capitalistique pour ce type d'industrie à risque, consiste à générer le maximum de profit sur la fin de vie du système, et à s'en débarrasser avant que les coûts ne s'envolent, soit à cause des risques d'accident qui augmentent, soit à cause de la phase d'arrêt de production, très coûteuse dans le cas du nucléaire. L'évolution de l'industrie pétrochimique est l'exemple type de cette approche : externalisation progressive des activités au moment où leur rentabilité diminue, ce qui a entraîné des accidents (naufrages de pétroliers hors d'âge, explosions dans des raffineries obsolètes).
.. le second est le vieillissement de la connaissance de ces installations, entraînant une baisse de la compétence dans tous les domaines liés l’exploitation des systèmes électronucléaires. Avec le départ à la retraite de la génération du baby-boom, plus aucune des personnes ayant participé à la conception, la mise en service et à la phase d'apprentissage de l'exploitation de ces systèmes ne participera à la fin de leur exploitation. Avec la prolongation proposée, il est à peu près sûr que la plupart seront morts au moment de la phase de démantèlement des installations. Or, l'expérience acquise lors des désinstallations précédente montre un certain manque de fiabilité de la documentation, surtout que les systèmes ont fortement changé ces dernières années. Et ces opérations de démantèlement sont également dangereuses.
En résumé, on est bien loin de l'époque où l'état français confiait à des scientifiques et des ingénieurs compétents et responsables le devenir énergétique du pays. Aujourd'hui nous sommes en présence d'intérêts à court terme. Dans ce cadre, chaque décision de prolonger une technologie aujourd'hui dépassée est une prise de risque et un poids supplémentaire sur les épaules des générations à venir.
Je suis donc absolument opposé à cette prolongation.
Cordialement. Olivier Louveau

Je suis ingénieur dans l'industrie. Je connais personnellement des gens qui travaillent à la centrale du Bugey, en maintenance. En 20 ans, les conditions de travail se sont énormément dégradées, surtout ces 4 dernières années. La dégradation de l'industrie nucléaire suit finalement la dégradation de l'industrie française ("plus rien pour bosser et on attend que ça casse pour réparer". Dans cette ambiance négative, maintenir un ensemble nucléaire à flot augmente fortement la prise de risque. Quand l'idéologique mêne à l'inconscience...