Dépassement d’une limite de dose réglementaire annuelle pour un praticien hospitalier
Le 14 décembre 2016, l’ASN avait été informée, par le Centre hospitalier universitaire Amiens – Picardie (80), du dépassement de la limite de dose réglementaire annuelle de 500 mSv au niveau des mains d’un neuroradiologue de l’établissement, qui réalisait régulièrement des actes radioguidés.
Les actes de radiologie interventionnelle sont associés à l’utilisation des rayonnements ionisants. En particulier, les actes radioguidés permettent de proposer des actes diagnostiques ou thérapeutiques moins invasifs que la chirurgie ou inaccessibles à celle-ci. Leur développement est également en lien avec la réduction du temps de retour aux activités normales du patient. Cependant, ces actes qui exposent ponctuellement les patients aux rayonnements ionisants durant l’intervention induisent aussi, mais de manière chronique, une exposition des personnels qui interviennent le plus souvent à proximité immédiate des patients. Cette situation implique la mise en œuvre de précautions en vue de protéger les personnels exposés.
L’événement a été mis en évidence lors de la réception des résultats du suivi dosimétrique mensuel de l’agent en fin d’année 2016. Ce suivi a montré que la dose reçue par le praticien s’élevait à 548,43 mSv au niveau des mains au cours des douze mois précédents. Les investigations conduites par le centre hospitalier ont révélé que le radiologue réalisait environ 50 % des vertébroplasties, interventions au cours desquelles ses mains étaient exposées au faisceau primaire du rayonnement X. L’analyse des résultats dosimétriques sur les douze derniers mois a montré des valeurs régulièrement élevées d’exposition du praticien, et ce malgré le port des équipements de protection individuelle, l’utilisation des équipements de protection collective et l’optimisation des protocoles d’examen. à la suite de cet événement, le centre hospitalier a notamment proposé aux praticiens le port de gants atténuateurs pour la réalisation des vertébroplasties et a réévalué l’ensemble de ses analyses de poste de travail en fonction de l’activité réelle des opérateurs.
L’ASN a réalisé une inspection des installations dédiées à la neuroradiologie, à la rythmologie et à la chirurgie cardiaque les 13 et 14 mars 2018. Cette inspection a notamment permis de vérifier la mise en œuvre effective des actions correctives issues de cet événement. Les résultats dosimétriques de 2017 de ce radiologue ont d’ailleurs montré un abaissement de son exposition, avec une dose reçue au niveau des mains de 179,93 mSv.
L’ASN tient à souligner l’obligation, pour tous les travailleurs exposés aux rayonnements ionisants, de porter l’ensemble de leurs dosimètres, en particulier dans des situations d’exposition hétérogène des mains ou du cristallin, afin de détecter au plus tôt une exposition anormale. Compte-tenu des lacunes constatées dans de nombreux établissements quant au port de la dosimétrie aux extrémités selon les dispositions réglementaires, l’ASN n’exclut pas que d’autres cas d’expositions similaires puissent exister mais ne soient pas détectés.
En raison du dépassement d’une limite de dose annuelle d’un travailleur du fait d’une exposition cumulée dans le temps, l’ASN classe cet incident, après investigations complémentaires, au niveau 1 de l’échelle INES.
Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie