Fuite d’effluents contaminés à l’Iode 131 dans un bâtiment de l’hôpital Saint-Antoine (Paris 12ème)
Le 26 juin 2013, le service de médecine nucléaire de l’Hôpital Saint Antoine a déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) la dispersion non contrôlée d’effluents radioactifs dans des locaux des étages inférieurs au service de médecine nucléaire de l’hôpital Saint-Antoine à Paris (75)
Ces effluents proviennent des sanitaires des chambres d’hospitalisation qui recueillent les urines des patients traités par radiothérapie métabolique à l’iode 131 dans le service de médecine nucléaire situé dans les étages supérieurs du bâtiment. Les urines sont collectées dans des cuves situées en sous-sol avant d’être rejetées dans les réseaux urbains après décroissance radioactive.
Plusieurs fuites à partir de la canalisation reliant les chambres aux cuves ont été constatées à différents niveaux du bâtiment.
Les chambres d’hospitalisation du secteur de radiothérapie métabolique ont été fermées jusqu’à la remise en état des installations.
L’ASN a mené une inspection dans le service le 27 juin 2013 afin d’examiner les circonstances ayant conduit à cet événement et les dispositions prises par le service.
En première analyse, l’événement semble lié à une obstruction de la canalisation par accumulation de matières solides, qui semble s’être brutalement aggravée. Des mesures réalisées avant l’incident avaient en effet mis en évidence différents points chauds le long de la canalisation, indiquant une rétention des effluents. L’établissement avait programmé une fermeture du service durant la période estivale à venir, afin de curer les canalisations et de changer certaines pièces du circuit des effluents. L’analyse a posteriori devra permettre d’identifier l’ensemble des causes à l’origine de cet incident.
La gestion de cet incident a entrainé une exposition anormale de deux plombiers de l’établissement, qui ont identifié l’origine de la fuite, et d’un agent d’entretien prestataire, qui a procédé au nettoyage d’une des zones contaminées en ignorant la nature radioactive des produits déversés. Aucune contamination externe n’a été détectée sur ces travailleurs à l’exception de leurs chaussures qui ont été mises dans un local approprié jusqu’à la décroissance radioactive complète. L’ASN a demandé que soit évalué le risque d’une éventuelle contamination interne des travailleurs. Une reconstitution de la dose efficace à laquelle ils ont été exposés est en cours de réalisation.
Après décontamination des zones concernées, les sols ont été bâchés afin d’éviter la dispersion de la contamination résiduelle et un périmètre de sécurité a été mis en place. L’ASN a toutefois constaté qu’une partie des recommandations de la lettre circulaire, datée du 17 avril 2012 et relative à la gestion des fuites de canalisations d’effluents contaminés en médecine nucléaire, n’avait pas été appliquée. En particulier, la surveillance régulière des canalisations, la procédure d'intervention en cas de fuite et les mesures de prévention pour les travailleurs appelés à intervenir sur ce type d'incident n’ont pas été formalisées, bien que cela ait fait l’objet d’une remarque lors d’une précédente inspection du service en mars 2013.
L’ASN a rappelé à la direction de l’établissement ses responsabilités en termes de suivi médical du personnel exposé, de mise en place d’une signalisation adaptée des zones contaminées et des modalités à mettre en œuvre en termes de suivi du personnel intervenant dans ces zones. La direction de l’hôpital dispose d’un délai de deux mois à compter de la déclaration d’incident pour fournir à l’ASN le compte-rendu d’événement qui devra détailler les causes de l’incident et les actions correctives engagées ou à venir. L’ASN vérifiera que les engagements pris par l’établissement seront effectivement mis en œuvre.
Compte tenu de la contamination de surface provoquée par la fuite, et dans l’attente des résultats de reconstitution dosimétrique pour les personnes exposées, l’ASN classe provisoirement cet incident au niveau 1 de l’échelle INES des évènements relatifs à la radioprotection, qui en compte 8.
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Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie