Rejet non autorisé d’effluents contaminés à l’Iode 131 par l’Institut de Cancérologie Gustave Roussy à Villejuif (94)
L’institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR) a déclaré, en date du 16 novembre 2012, auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la vidange dans le réseau collectif d’assainissement d’une cuve d’effluents radioactifs dont la concentration en Iode 131 dépassait la valeur réglementaire de 100 Bq/l.
Dans cet établissement, les effluents provenant des sanitaires des chambres d’hospitalisation des patients traités en radiothérapie métabolique à l’iode 131 sont collectés dans quatre cuves de 12 m3 qui fonctionnent alternativement en remplissage et en stockage, permettant la décroissance des matières radioactives avant rejet.
Le 9 novembre 2012, la cuve n°53 fermée depuis 15 semaines et parvenue au terme de sa période de décroissance devait être vidangée. Le contrôle réglementaire d’activité résiduelle réalisé avant l’évacuation a révélé une activité largement supérieure à la valeur attendue. Cette activité résiduelle anormalement élevée dans la cuve n°53 en fin de décroissance pourrait s’expliquer par un défaut d’étanchéité de sa vanne qui, bien que fermée, aurait permis un déversement faible mais continu d’effluents fortement concentrés dans cette cuve.
Malgré ce dépassement, les 15 et 16 novembre 2012, le service a pris la décision de procéder au rejet de ces effluents vers le réseau collectif afin de pouvoir poursuivre les traitements en cours et d’assurer ceux prévus la semaine suivante. Ce sont ainsi 30 MBq d’iode 131 qui ont été rejetés dans le réseau. A titre de comparaison, l’activité administrée à un patient hospitalisé en chambre radioprotégée pour une radiothérapie métabolique est comprise entre 3700 et 7400 MBq. Les mesures réalisées par le gestionnaire de réseau n’ont pas mis en évidence d’impact pour les travailleurs intervenant sur les installations.
L’ASN a mené une inspection dans le service le 19 novembre 2012 et a exigé de la direction de l’IGR une remise en état rapide des installations. Le centre s’est engagé par ailleurs à mettre en place un système de surveillance et de gestion des cuves plus performants ainsi qu’à étudier la faisabilité d’une solution alternative d’entreposage en cas de nouvelle défaillance d’une des cuves. L’IGR dispose d’un délai de deux mois à compter de la déclaration d’incident pour fournir à l’ASN le compte-rendu d’événement qui devra détailler les causes de l’incident et les actions correctives engagées ou à venir pour éviter son renouvellement.
L’ASN vérifiera que les engagements pris par l’établissement seront effectivement mis en œuvre .
En 2010, deux incidents liés à des fuites de canalisations véhiculant les effluents radioactifs au sein de l’établissement étaient survenus, sans conséquence en termes de rejets dans le réseau.
En raison du caractère répétitif de ces évènements et de l’absence de recherche d’une solution alternative au rejet, l’ASN classe cet incident au niveau 1 de l’échelle INES des évènements relatifs à la radioprotection, qui en compte 8.
L’ASN a diffusé le 17 avril 2012 une lettre circulaire à l’ensemble des services de médecine nucléaire dressant les enseignements issus du retour d’expérience des événements déclarés à l’ASN concernant les fuites de canalisations d’effluents contaminés. L’ASN rappelle la nécessité d’anticiper ces situations de dysfonctionnement pour définir en amont les procédures d’intervention.
Date de la dernière mise à jour : 03/09/2021
Classement de l’incident (INES)
Niveau 1
Anomalie