Mise en service et utilisation de la cuve du réacteur EPR

Après l’installation au forceps, par EDF, de la cuve de l’EPR en 2015, une concentration trop forte en carbone a été révélée dans la cuve et dans le couvercle, signifiant un risque aggravé de rupture brutale de ces pièces.

Ce n’est qu’après des justifications (en milliers de pages) d’Areva et d’EDF que l’ASN, en 2017,

- valide l’utilisation de la cuve

- et demande la refabrication d’un nouveau couvercle, pour remplacer le couvercle défectueux, autorisé à être utilisé entre 2018 (date affichée pour la mise en service de l’EPR, au moment où l’ASN a accordé cette « validation » à la cuve de l’EPR) et fin 2024.



L’utilisation du couvercle de la cuve de l’EPR reste cependant conditionnée à « des contrôles périodiques supplémentaires, afin de s’assurer de l’absence d’apparition ultérieure de défauts ».

Cette date de 2024 a été définie par l’ASN en tenant compte « avec beaucoup de flexibilité des contraintes industrielles d’EDF : sept ans, c’est plus que le temps nécessaire pour fabriquer et installer un nouveau couvercle ». Et EDF a passé commande d’un bloc d’acier avant usinage auprès du japonais JSW afin de « s’affranchir des problèmes de ségrégation carbone » que ne pouvait assurer Creusot Forge.



Vu les conclusions peu convaincues de l’ASN et la politique de dérogations permanentes que s’autorise l’industrie nucléaire pour ne pas respecter ses propres règles, il paraît raisonnable d’attendre la livraison du nouveau couvercle dont on peut espérer qu’il soit conforme et de ne mettre en service cet EPR qu’après livraison et validation de ce nouveau couvercle. Un retard de 6 mois dans le démarrage de l’EPR ne changera pas la face du monde.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/06/26/un-feu-vert-sous-condition-attendu-pour-l-epr-de-flamanville_5151256_3234.html

https://www.irsn.fr/actualites/expertise-consequences-lanomalie-fabrication-couvercle-fond-cuve-reacteur-epr

https://www.usinenouvelle.com/article/le-couvercle-de-l-epr-de-flamanville-n-a-pas-ete-construit-pour-durer-selon-l-asn.N558293



Sur le fond, vu le nombre de points défectueux qui ont fait l’objet de « réparations » et de dérogations tout au long du chantier (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/12/20/les-derapages-de-l-epr-de-flamanville-en-graphiques-le-cout-multiplie-par-5-la-duree-du-chantier-par-4_5480745_4355771.html - https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/nucleaire-six-mois-de-retard-supplementaire-pour-lepr-de-flamanville-1890161)



, il faudrait même se demander si la mise en service de cette machine ne devrait pas être remise en cause elle-même.



Par ailleurs, il me semble que nous, public non spécialisé, serions en droit d’attendre de l’Autorité de sûreté nucléaire qu’elle nous GARANTISSE sérieusement la sûreté des installations auxquelles elle donne l’autorisation de fonctionner (en respectant notamment ses propres normes) plutôt que de nous demander un aval à ses décisions pour se dédouaner de ses responsabilités. Mais sans doute suis-je affectée d’une naïveté coupable.

Avis défavorable de Nucléaire en Questions



Nous pensons que le couvercle doit être changé avant le démarrage et cela pour cinq raisons.



1. Framatome argue pour un changement du couvercle lors du premier arrêt de tranche pour des raisons entre autre de radio-protection comparant un changement lors d’un arrêt en cours de tranche avec un changement lors du premier arrêt de tranche.

Néanmoins, ils disent privilégier la radio-protection. Cela étant le cas, ne serait-ce alors plus sûr pour les travailleurs d’effectuer ce changement avant le démarrage.

De plus, cela ne provoquerait pas la création de déchets radioactifs supplémentaires totalement évitables. Le fait que le mode de gestion existe ne signifie pas qu’il soit sans risque, ni sans pollution.



2. En vue des difficultés déjà vécues quant à la cuve et au couvercle, des tests à froid, sans radioactivité, pourraient être envisagés si le changement avait lieu avant le démarrage. En vue des difficultés passées et la sécurité primant sur l’envie d’accélérer le démarrage, ces tests ne seraient pas superflus.



3. La cuve ayant les fragilités que nous lui connaissons et les difficultés à Taïshan imposant la pose de déflecteurs sur la cuve pour un fonctionnement à long terme de l’EPR, n’est-il pas plus sûr d’effectuer ces travaux avant le démarrage, permettant là aussi des tests à froid, évitant des déchets radioactifs et garantissant une radio-protection totale aux travailleurs sur ce chantier?

De plus, une tranche sans ces déflecteurs ne pourraient-ils pas endommager davantage la cuve et ceci de manière complexe à suivre?



4. L’ASN préconise que si des retards supplémentaires sur le démarrage de l’EPR devaient avoir lieu, le changement du couvercle devrait être effectué avant le démarrage. Or, vue la volonté absolue de démarrer l’EPR à tout prix le plus rapidement possible à titre d’exemple, ceci ne risque-t-il pas de faire prendre à l’exploitant des décisions afin d’aller au plus vite, ces décisions ensemble pouvant être détrimentales à long terme. En vue du retard progressivement pris, il serait étonnant que le chantier se passe à présent entièrement comme prévu. Si l’ASN prenait la décision du changement de couvercle avant le démarrage, cela permettrait à l’exploitant de finaliser les travaux entre autres relatifs à tous les documents à fournir pour une meilleure communication interne ou à la formation des sous-traitants de manière plus sereine.



5. En vue du nombre de difficultés passées depuis le début des travaux, il serait étonnant que la visite de contrôle de la première tranche se déroule sans soucis. Si le changement de couvercle et les modifications sur la cuve étaient effectuées lors du premier arrêt de tranche, cela ne créerait-il pas un plus long second arrêt de tranche aussi vues les modifications opérées au premier arrêt.

En vue de la radio-protection nécessaire et du suivi par la suite de ces modifications, des travaux avant le démarrage n’aboutiraient-ils pas au final à un temps de disponibilité du réacteur accru de fait à long terme, et ceci avec un peu plus de sûreté?

Le couvercle de la cuve de l'EPR a été fabriqué chez Creusot Forge entre le 5 septembre et le 10 octobre 2006. Ce couvercle a donc été fabriqué en six semaines au moment même où Creusot Forge était exploité par France-Essor dans des conditions précaires dues à la contraction des effectifs et au non-renouvellement des équipements.



La calotte de fond de la cuve a été fabriquée entre janvier et décembre 2007 alors que Creusot Forge venait d'être rachetée par Areva sur injonction de l'ASN dont le directeur était à l'époque Monsieur Lacoste.



Les deux calottes souffrent donc inexorablement de la perte de savoir-faire, de rigueur et de motivation consécutive à la politique d'austérité et de rentabilité maximale de France-Essor. Les investigations menées par Areva pour justifier l'emploi du couvercle défaillant fabriqué en 2006 ont été menées sur des couvercles fabriqués en 2010 et en 2013 pour des projets d'EPR aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.



Ces couvercles ne sont pas représentatifs du couvercle de FLA 3 fabriqué et, pourrait-on dire, "torché" en six semaines courant 2006. Les calottes dites "sacrificielles" produites par Creusot Forge en 2010 et 2013 ont bénéficié du redressement technique et social opéré par Areva à la demande pressante de l'ASN et cependant les examens approfondis réalisés en 2014 ont démontré dans ces pièces sacrificielles la présence d'une ségrégation majeure positive en carbone sur un diamètre d'un mètre environ en partie centrale du couvercle sur un quart de l'épaisseur soit 59,5 mm. L'épaisseur du couvercle de la cuve est de 230 mm.

L'ASN, l'IRSN et les experts en métallurgie estiment que ces couvercles sont similaires au couvercle de l'EPR FLA 3.

Au contraire les pièces forgées sous le contrôle d'Areva sont en toute logique de meilleure qualité métallurgique que le couvercle de FLA 3 commandé par Areva à France-Essor en 2005. Rien à ce jour ne peut contredire la théoried'autant plus que par négligence ou par volonté de dissimuler l'ampleur des défauts, les grenailles issues de 107 percements du couvercle incriminé n'ont pas été conservées.



La mise en évidence d'une valeur élevée de concentration en carbone sur la calotte supérieure de FLA 3 lors d'un prélèvement de copeaux date de 2007.



La concentration excessive en carbone réduit la résistance de l'alliage à la propagation d'une fissure. Dans ces temps d'inquiétudes et d'incertitudes où dans de nombreux cœurs de réacteur des fissures longitudinales ou traversantes sont découvertes, qu'elles soient dues à la corrosion ou à des stress thermiques,.

il est donc impensable de procéder au démarrage de FLA 3 avec une cuve présentant dans son couvercle et dans le fond des anomalies facilitant la propagation de fissures.

Voici quelques-uns des arguments qui selon l'ONG Robin des Bois plaident en faveur du report du démarrage de FLA 3 aussi longtemps que le couvercle de la cuve du réacteur n'aura pas été remplacé et que la disponibilité des moyens de contrôle du fond de la cuve ne sera pas prouvée. Le couvercle de la cuve de l'EPR de Flamanville a été fabriqué chez Creusot Forge entre le 5 septembre et le 10 octobre 2006. Ce couvercle a donc été fabriqué en six semaines au moment même où Creusot Forge était exploité par France-Essor dans des conditions précaires dues à la contraction des effectifs et au non-renouvellement des équipements. La calotte de fond de la cuve a été fabriquée entre janvier et décembre 2007 alors que Creusot Forge venait d'être rachetée par Areva sur injonction de l'ASN dont le directeur était à l'époque Monsieur Lacoste. Les deux calottes souffrent donc inexorablement de la perte de savoir-faire, de rigueur et de motivation consécutive à la politique d'austérité et de rentabilité maximale de France-Essor. Les investigations menées par Areva pour justifier l'emploi du couvercle défaillant fabriqué en 2006 ont été menées sur des couvercles fabriqués en 2010 et en 2013 pour des projets d'EPR aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Ces couvercles ne sont pas représentatifs du couvercle de FLA 3 fabriqué et, pourrait-on dire, "torché" en six semaines courant 2006. Les calottes dites "sacrificielles" produites par Creusot Forge en 2010 et 2013 ont bénéficié du redressement technique et social opéré par Areva à la demande pressante de l'ASN et cependant les examens approfondis réalisés en 2014 ont démontré dans ces pièces sacrificielles la présence d'une ségrégation majeure positive en carbone sur un diamètre d'un mètre environ en partie centrale du couvercle sur un quart de l'épaisseur soit 59,5 mm. L'épaisseur du couvercle de la cuve est de 230 mm. L'ASN, l'IRSN et les experts en métallurgie estiment que ces couvercles sont similaires au couvercle de l'EPR FLA 3. Robin des Bois estime au contraire que les pièces forgées sous le contrôle d'Areva sont en toute logique de meilleure qualité métallurgique que le couvercle de FLA 3 commandé par Areva à France-Essor en 2005. Rien à ce jour ne peut contredire la théorie de Robin des Bois d'autant plus que par négligence ou par volonté de dissimuler l'ampleur des défauts, les grenailles issues de 107 percements du couvercle incriminé n'ont pas été conservées.



La mise en évidence d'une valeur élevée de concentration en carbone sur la calotte supérieure de FLA 3 lors d'un prélèvement de copeaux date de 2007.



La concentration excessive en carbone réduit la résistance de l'alliage à la propagation d'une fissure. Dans ces temps d'inquiétudes et d'incertitudes où dans de nombreux cœurs de réacteur des fissures longitudinales ou traversantes sont découvertes, qu'elles soient dues à la corrosion ou à des stress thermiques, il est donc impensable aux yeux de Robin des Bois de procéder au démarrage de FLA 3 avec une cuve présentant dans son couvercle et dans le fond des anomalies facilitant la propagation de fissures.